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Merrimac fit cette fois une si terrible trouée aux flancs de ce navire, que l’eau s’y engouffra avec rapidité, et qu’il commença de couler. Des deux cent cinquante hommes qui montaient ce magnifique bâtiment, la moitié périt, l’autre moitié se sauva à la nage. Le Cumberland sombra, son pavillon flottant encore, et en lançant une dernière bordée, tout aussi impuissante que les premières.

Les deux navires cuirassés qui avaient suivi le Merrimac, s’étaient attaqués, de leur côté, à un autre bâtiment de la flottille fédérale, le Congress, et le canonnaient avec vigueur. Le Merrimac, après son sanglant triomphe, vint se joindre à ces deux navires, pour en finir avec le Congress. Incapable de soutenir la lutte, le Congress amena son pavillon. Les confédérés y mirent le feu, et le firent sauter, après avoir fait prisonniers les officiers, et permis à l’équipage de s’échapper dans des canots.

La nuit, qui arriva sur ces entrefaites, suspendit toute autre entreprise. Confiant dans son invulnérabilité, le Merrimac attendit tranquillement le jour au milieu de tous ses adversaires.

Le lendemain le Merrimac se disposait à attaquer le reste de la flottille fédérale, lorsqu’un fait imprévu vint changer les conditions du combat. Le Monitor avait rejoint la flotte des Américains du Nord.

Le Monitor (fig. 404) n’était, à vrai dire, que l’imitation ou la mise en pratique du projet du radeau à vapeur du capitaine anglais Coles. C’était une espèce de radeau cuirassé. Son pont, à l’épreuve de la bombe, porte une tour blindée qui peut pivoter sur son axe, et qui est armée de deux canons de fort calibre. Il s’élève trop peu au-dessus de l’eau pour pouvoir être atteint par les projectiles de l’ennemi. Tout l’équipage se trouve, de cette manière, au-dessous de la flottaison, à l’exception des servants des pièces, qui, toutefois, sont protégés par la tour blindée. La muraille de cette espèce de radeau est en fer, d’un demi-pouce d’épaisseur ; puis vient un massif de chêne de 26 pouces, sur lequel est fixée une cuirasse en fer de 5 pouces d’épaisseur. Le pont, supporté par de solides poutres de chêne, est composé d’un massif de bois de 7 pouces, recouvert de plaques de fer de 1 pouce d’épaisseur. Il déborde sur la partie inférieure qu’il rend invulnérable, de 24 pieds par chaque bout et de 7 sur chaque côté. Cette partie supérieure du Monitor ressemble assez à la coque renversée d’un navire de fer plus large que le bâtiment inférieur, qu’il recouvrirait entièrement.

La tour est formée d’une carcasse en fer de 1 pouce d’épaisseur à laquelle sont rivées deux plaques en fer de 1 pouce ; puis viennent six autres plaques en fer cylindre maintenues par des boulons qui se mettent en place de l’intérieur, de façon que si une plaque venait à se détacher elle pourrait être immédiatement resserrée. Le haut de la tour est recouvert d’un toit à l’épreuve de la bombe et percé de meurtrières. La partie inférieure des affûts de canon est en fer massif. Ces affûts sont sur le même plan et placés parallèlement, de manière que les deux pièces tirent dans la même direction. Les sabords n’ont que la grandeur suffisante pour laisser passer la bouche du canon et sont munis d’un pendule en fer qui les referme lors du recul de la pièce. Ses canons sont du système Dahlgreen et du plus fort calibre.

Une machine à vapeur, placée au-dessous du pont, fait pivoter la tour sur son axe. Cette tour et la chambre du pilote, également cuirassée, dépassent seules le pont, au moment du combat.

Les parties inférieures du bâtiment sont en fer de 1/2 pouce d’épaisseur et elles sont munies des emménagements ordinaires. La machine et les soutes à charbon sont à l’avant ; à l’arrière sont les vivres, les autres approvisionnements et les logements des of-