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Il y a trois manières de dessécher les terres par la méthode d’Elkington.

1o On perd les eaux dans des couches perméables inférieures, à l’aide d’un puits rempli de pierres sèches, comme le représente la figure 411.

Fig. 411. — Perte des eaux de drainage à l’aide d’un puits rempli de pierres sèches.

2o On perd les eaux à l’aide d’un trou de sonde, qui va jusqu’au terrain absorbant comme le représente la figure 412.

Fig. 412. — Perte des eaux de drainage par un trou de sonde.

3o Ou bien on laisse les eaux remonter à la façon des eaux artésiennes et on les conduit dans des tuyaux de décharge ; mais ce dernier moyen n’était qu’une suggestion de la théorie et ne fut pas mis en pratique.

Elkington, doué d’une grande sagacité et de certaines connaissances en géologie, réussissait dans toutes ses entreprises d’amélioration du sol, et arrivait souvent, avec peu de frais, à des résultats surprenants. Le parlement d’Angleterre lui accorda, à titre d’encouragement, une somme de 1 000 livres (25 000 fr.). Ce fut le premier pas du gouvernement anglais dans cette voie de libéralité sage et hardie dont il devait donner plus tard tant de gages à l’agriculture nationale.

Cependant la méthode d’Elkington était loin d’être parfaite : elle ne convenait bien qu’à des terrains criblés de sources. Elle exigeait, pour être exécutée, autant d’habileté que d’expérience.

La pratique des desséchements agricoles ne se serait probablement répandue que très-lentement en Angleterre, sans l’heureuse intervention de Smith, mécanicien d’une filature de coton située à Deanston, en Écosse. Smith, frappé de l’infertilité d’un terrain voisin de son usine, en attribua la cause à une trop grande humidité. Il imagina, pour l’assainir, de creuser des fossés, qu’il recouvrit ensuite de pierres. Il mettait ainsi en usage, sans les connaître, les procédés des anciens cultivateurs français.

L’expérience tentée par Smith fut couronnée d’un plein succès, et ce succès fit grand bruit dans le voisinage. Des cultivateurs vinrent lui demander des conseils, et des propriétaires l’appelèrent auprès d’eux, pour diriger le desséchement de leurs champs. Smith fut ainsi amené à abandonner la filature. Apôtre de la réforme agricole, il parcourut successivement l’Écosse et l’Angleterre, assainissant et améliorant les terres sur son passage.

La méthode de Smith était déjà connue et pratiquée depuis longtemps, quand l’auteur en donna une description détaillée, dans un petit livre qui ne parut qu’en 1833. Cette méthode consistait à ouvrir des rigoles assez rapprochées de 0m,60 à 0m,75 de profondeur, destinées à recevoir les eaux de pluie, ou les eaux de source venant des couches inférieures. Les fossés étaient recouverts de pierres, pour tamiser l’eau et supporter le poids de la terre qui les contenait.

Smith imprima assurément au drainage