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drains, puis un autre trou à côté d’un d’entre eux. Après une saison pluvieuse, on examine le niveau de l’eau dans les deux trous ; s’il est à peu près le même, on en conclura que les lignes de drains ne sont pas trop écartées, et l’on adoptera le même espacement dans toutes les parties du champ où le sous-sol a la même nature.

Fig. 415. — Détermination de l’écartement des tranchées.

Voici un autre moyen propre à fixer expérimentalement l’écartement des drains dans un terrain donné. On creuse, à droite et à gauche d’une tranchée d’essai, une série de trous de 0m,50 de côté, et de même profondeur que la tranchée T (fig. 415). Ces trous sont placés à une distance de 10 à 12 mètres, afin qu’ils ne puissent pas agir les uns sur les autres. Ils sont du reste disposés en échiquier, de manière que leur distance à cette tranchée soit de 2, 4, 6, 8, 10, 12, 14 mètres. On recouvre ces trous de branchages et de paillassons, pour éviter l’évaporation. Si le sol n’est pas assez imprégné d’eau pour que celle-ci emplisse naturellement les trous, on attend les pluies, et on se livre alors aux observations, qui durent plusieurs jours de suite, et qu’on répète à deux ou trois époques de l’année. On note plusieurs fois le niveau de l’eau dans les trous et on reconnaît bientôt qu’il s’abaisse d’autant plus vite et d’autant plus dans chaque trou, que ce trou est plus rapproché de la tranchée. On remarque que l’eau est plus élevée au-dessus du fond de cette tranchée, T, dans le point B que dans le point A, dans le point C que dans le point B, dans le point D qu’en C, et ainsi de suite, jusqu’à une distance où, l’action de la tranchée ne se faisant plus sentir, le niveau de l’eau reste le même dans deux trous voisins. Lorsque le niveau de l’eau semble stationnaire, ou bien lorsqu’il varie sensiblement de la même façon dans tous les trous, d’une observation à l’autre, le double de la distance à la tranchée du dernier trou où l’effet de la tranchée s’est fait sentir, donnera l’écartement des drains.

Il est encore une autre manière de contrôler l’espacement des saignées sur un champ à drainer, et de recevoir un avertissement utile, quand on aura à drainer un terrain du même genre. Si vers le milieu de l’intervalle de deux saignées successives, la végétation paraît chétive et languissante, c’est une preuve que l’espacement est trop considérable.

Direction des drains. — Occupons-nous maintenant de la direction à donner aux drains. Un réseau de drainage se compose de tuyaux de divers calibres, dont les uns ont pour mission de dessécher le sol, et les autres de recevoir les eaux qui découlent des précédents. Les premiers se nomment tuyaux de desséchement, ou petits drains ; les seconds se nomment drains principaux, ou collecteurs. Les collecteurs du premier ordre sont ceux qui reçoivent directement les eaux des petits drains ; les collecteurs du deuxième ordre reçoivent les eaux des collecteurs de premier ordre ; ceux de troisième ordre reçoivent les eaux des drains de deuxième ordre, et ainsi de suite.

La force qui détermine l’écoulement de l’eau à travers les canaux capillaires du sol sur lequel doit agir un drain, étant la pesanteur, le tracé des lignes de drain devra, autant que possible, favoriser l’action de la pesanteur. Tous les drains de desséchement devront être dirigés suivant les lignes de plus