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leur effet utile, et pour porter en même temps la lumière dans les faits accomplis. »

On a exprimé le regret qu’au lieu de se borner à préparer des œufs fécondés et de l’alevin, l’établissement de Huningue n’entreprenne pas l’éducation des jeunes alevins, de manière à les amener dans nos rivières, à l’état de poisson presque adulte. Mais il faudrait posséder des espaces immenses et des bassins ou des cours d’eau très-nombreux, pour se livrer à de pareilles opérations. Il n’est que trop vrai que, dans l’état actuel, une bonne partie des œufs fécondés et de l’alevin, périt entre les mains des propriétaires qui les ont reçus, et il serait à désirer que l’État donnât aux piscines de Huningue une extension suffisante pour que l’on pût y conserver des poissons jusqu’à l’état adulte. Ce desideratum sera comblé un jour, on ne saurait le mettre en doute. En attendant, on ne peut que rendre hommage à l’intelligence et au zèle de l’ingénieur en chef des travaux du Rhin, qui, placé à la tête de l’établissement, est arrivé, en peu d’années, sous la direction de M. Coste, à des résultats vraiment admirables.

L’auteur de la Notice historique que nous venons de citer, condense en quelques lignes, sous forme de résumé, les résultats obtenus jusqu’à l’année 1862, dans l’établissement de Huningue.

« La fondation de l’établissement a été décidée en 1852 pour coopérer au repeuplement des eaux publiques et privées de la France, par la distribution d’œufs fécondés et d’alevins des espèces estimées.

« À l’idée primitive esquissée dans des conditions trop simples et trop restreintes, succéda, en 1854, un projet répondant aux besoins alors prévus, mais qui, à peine exécuté dans les parties essentielles, a exigé à son tour, à dater de 1858, un agrandissement et des améliorations largement couvertes par le produit utile des quatre seules années subséquentes.

« Les opérations d’approvisionnement, de manipulation et de distribution gratuite des œufs fécondés, à titre d’encouragement, ont pris une grande extension et se sont beaucoup perfectionnées dans les dernières années.

« Pour les espèces de poissons traitées jusqu’à ce jour, l’on a réparti le travail en deux campagnes qui se succèdent sans interruption, l’une d’hiver, dite normale, dont la pratique a constaté le succès et traitée sur une grande échelle, l’autre de printemps, dite d’essais, offrant d’assez grandes difficultés et restreinte à de faibles proportions.

« La distribution des œufs fécondés est le but principal actuel, la distribution des alevins n’est commencée que depuis deux ans comme expérience.

« L’Administration a appelé le concours des particuliers pour l’emploi de ses produits, dont elle n’a disposé directement elle-même qu’à de rares exceptions.

« Les efforts privés ont parfaitement secondé le Gouvernement ; les produits ont été répartis dans presque tous les départements français et dans beaucoup de pays étrangers.

« Les résultats relatifs au transport et à l’éclosion des œufs, ainsi qu’à l’alevinage, sont très-satisfaisants. Ils peuvent être évalués approximativement à un tiers de poissons vivants, relativement à la quantité d’œufs récoltés.

« L’emploi des poissons a eu lieu de manière à poursuivre simultanément l’élevage dans des espaces clos, et le peuplement des cours d’eau, lacs, étangs et réservoirs de grandes dimensions.

Au bout de quelques années seulement on a déjà reconnu l’efficacité des moyens pratiqués. La croissance des poissons dans les bassins fermés, leur acclimatation dans les eaux courantes se trouvent affirmées par de nombreux témoignages.

« Indépendamment des particuliers qui opèrent isolément, des établissements locaux se sont formés avec l’assistance et le patronage de quelques départements, de quelques villes, et de plusieurs sociétés de pisciculture, d’acclimatation ou de sciences ; le nombre de ces établissements a rapidement augmenté.

« L’établissement de Huningue a exercé une influence marquée non-seulement en France, mais à l’étranger, en propageant le goût de la pisciculture, en faisant étudier la question économique du peuplement de toutes les eaux, en appelant l’attention sur les perfectionnements devenus indispensables dans la législation de la pêche et dans la réglementation des cours d’eau.

« L’œuvre commencée est en bonne voie ; elle a simplement besoin d’être affermie et développée. »


CHAPITRE XVI

l’ostréiculture ou la reproduction artificielle des huîtres. — première proposition de m. coste en 1855. — premiers essais des huîtrières artificielles dans la baie de saint-brieuc en 1858. — l’ostréiculture à l’île de ré, à arcachon et autres lieux.

Nous n’apprendrons rien à personne en disant que les gisements huîtriers ont subi, depuis quelque temps, une dépopulation ef-