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Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 3.djvu/724

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lents qui pourraient l’entraîner au large, — des vases qui pourraient l’étouffer ; — il faut qu’il échappe à la voracité de la population marine, tels que crustacés, vers, polypes ; — il faut qu’il ne soit pas violemment arraché de son lieu de repos, par les engins terribles et multipliés du pêcheur avide. On comprend maintenant pourquoi la nature a accumulé dans une seule huître une telle masse d’œufs, une telle abondance de générations nouvelles ! C’est par un vrai miracle que le naissain de l’huître peut se préserver des mille et un obstacles, des mille et un ennemis qui l’attendent ; et si chaque huître, malgré ses deux millions d’œufs, reproduit sa pareille, il faut encore s’en étonner !

Quand le jeune mollusque est parvenu à éviter toutes les causes diverses de destruction que nous venons d’énumérer, il s’accroît rapidement. Il avait à peine un cinquième de millimètre au moment de l’éclosion ; au bout de six mois, il a atteint 8 à 10 millimètres de longueur. Une année après sa naissance, son diamètre est de 4 à 5 centimètres. Enfin, dans le courant de la troisième année, l’huître est devenue marchande, comme on dit, c’est-à-dire susceptible d’être envoyée dans les parcs de conservation et d’engraissement.

Fig. 590. — Groupe d’huîtres fixées à un morceau de bois.

On voit, sur la figure 590, un groupe d’huîtres de divers âges fixées à un morceau de bois. En Α sont des huîtres de 12 à 14 mois, — en B des huîtres de 5 à 6 mois, — en C des huîtres de 3 à 4 mois, — en D des huîtres de 1 à 2 mois, — en E des huîtres de 15 à 20 jours.

Il est maintenant facile de comprendre pourquoi, dans les conditions ordinaires, la reproduction et la multiplication des huîtres présente tant de difficultés, pourquoi cette multiplication ne s’opère que dans certaines conditions fortuitement réalisées par quelques circonstances locales. Ces myriades de jeunes individus jetés à l’eau par leur tendre mère, sont emportés par les courants marins, et ne peuvent se développer et devenir adultes que s’ils rencontrent sur leur passage, certains corps étrangers, des abris, des rochers solides, etc., sur lesquels ils puissent se fixer, s’implanter, pour y vivre et s’y développer plus tard hors de l’atteinte des causes de destruction qu’ils rencontreraient s’ils étaient librement abandonnés aux courants de la mer.

Ces corps étrangers, solides et résistants, qui offrent aux jeunes générations d’huîtres une retraite sûre, un abri contre les causes extérieures de destruction, se rencontrent naturellement dans ce que l’on nomme les bancs d’huîtres. Là, en effet, le naissain, au lieu d’être disséminé au loin par le courant des eaux, tombe sur l’amas considérable de coquilles adultes, qui constitue le banc