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fois, admirer les merveilles de l’éclairage et du chauffage par le gaz hydrogène extrait du bois.

En 1811, comme en l’an X, l’invention reçut les plus honorables approbations.

Le 1er février de cette année, le Courrier de l’Europe écrivait ce qui suit :

« Le 22 du mois de janvier, le prince Repnin, accompagné de plusieurs personnes de haute distinction, a honoré de sa présence, pour la troisième fois, les travaux de madame Lebon sur l’éclairage au moyen du gaz hydrogène, porté par cette dame au plus haut point de perfection. S. A. ayant témoigné ensuite le désir de voir une épreuve de simple carbonisation, madame Lebon s’est empressée de la satisfaire… Le prince a été entièrement satisfait. »

Le 10 février 1811, la Société d’encouragement pour l’industrie nationale avait annoncé qu’elle proposait un prix de 1 200 francs, « pour des expériences faites en grand sur les divers produits de la distillation du bois. » C’était un appel fait à l’une des parties accessoires de l’industrie qui s’étaient développées par l’inventeur du thermolampe, et pourtant cette partie seule excitait, on le voit, l’intérêt de la Société d’encouragement.

Madame Lebon s’empressa de répondre à cet appel. Le 29 avril 1811, elle remit à la Société un mémoire remarquable sur la distillation du bois et des houilles, d’après les procédés de son mari, tout en réservant les principaux avantages du chauffage et de l’éclairage par le gaz qui prend naissance pendant la même opération.

D’Arcet fut chargé par la Société d’encouragement d’apprécier les travaux de madame Lebon ; son rapport fut une constatation publique des services rendus par Lebon à la science et à l’industrie.

« Le conseil, dit-il, a entre les mains une foule de pièces qui prouvent bien authentiquement l’application en grand du thermolampe de M. Lebon…

« Nous savons, 1o avec quel succès les Anglais ont appliqué chez eux l’heureuse idée qu’a eue M. Lebon de faire servir à l’éclairage le gaz hydrogène, qui se dégage pendant la conversion du charbon de terre en coke. Ce procédé si économique est appliqué dans un grand nombre de fabriques anglaises, et il parait même que l’on commence à en faire usage pour éclairer les rues de Londres, et pour l’éclairage des phares et fanaux. Il est donc hors de doute que M. Lebon est l’inventeur de ces nouveaux procédés ; 2o que les mêmes procédés sont aujourd’hui portés, en Angleterre, au plus haut point de perfection, et que sous ce rapport il ne reste rien à chercher ; 3o qu’il ne faut plus, en France, que les appliquer en grand pour en retirer les mêmes bénéfices que les Anglais en retirent. »

À l’occasion du prix proposé pour la distillation du bois, d’Arcet avait examiné tout ce qui se rattachait à cette invention, et il n’hésitait pas à proclamer les droits d’inventeur de Philippe Lebon.

Le Conseil d’administration de la Société proposa de décerner le prix à madame Lebon, et demanda, en outre, « que les services rendus par Philippe Lebon à notre industrie, et la position malheureuse de sa famille fussent mis sous les yeux de Son Excellence le Ministre de l’intérieur, pour lui faire obtenir la bienveillance du gouvernement, et pour la mettre à portée de pouvoir solliciter l’application en grand de ses nouveaux moyens d’éclairage. »

Le prix fut décerné à madame Lebon, le 4 septembre 1811.

Trois mois après, le Ministre de l’intérieur, M. de Montalivet, adressait à madame Lebon un décret, qui lui accordait une pension viagère de 1 200 francs. « M. Lebon, disait le ministre, a enrichi les arts d’une découverte d’un grand intérêt ; il m’a été agréable d’appeler l’attention de Sa Majesté sur ses services, et de la prier de faire jouir la veuve d’une récompense qu’elle mérite à tant de titres. »

Le décret porte, en effet, ces mots : Il est accordé une pension viagère de 1 200 francs à Françoise-Thérèse-Cornélie de Brambilla, veuve du sieur Lebon, inventeur du thermolampe.

La veuve de Philippe Lebon ne jouit pas longtemps de cette pension. Elle mourut