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la chaleur, sont réduits en vapeurs. Le mélange traverse les fragments de coke, circule dans ces porosités ardentes, et la réaction s’achève. Enfin le gaz s’échappe dans la troisième portion de la cornue, d’où un tuyau le dirige dans le gazomètre.

Il paraît que le gaz ainsi produit, donne une flamme beaucoup plus éclairante que celle du gaz ordinaire, et que son prix de revient est moitié moindre, à égalité de lumière.

Cette question, toutefois, est encore à l’étude, et on ne saurait rien préjuger sur son avenir. Si les espérances conçues venaient à se réaliser, les petites villes qui ne sont pas assez riches pour monter une usine à gaz, pourraient utiliser la découverte de M. Youle-Hind, car les frais d’établissement des appareils sont très-faibles.

Nous possédons le pétrole depuis si peu de temps, les savants le connaissent si peu et le manient si mal, qu’il n’est pas étonnant que divers accidents se soient manifestés, et que le public ait une grande appréhension contre son usage. On en est venu à croire que l’huile minérale détone à la manière de la poudre, et qu’elle fait explosion par le simple choc. Hâtons-nous de dire qu’en dehors du mélange préalable des vapeurs de pétrole avec l’oxygène de l’air, il n’est pas d’explosion possible. L’huile convenablement rectifiée est si peu inflammable qu’on peut la verser sur une bougie sans qu’elle s’allume, qu’on peut renverser impunément la lampe à proximité d’un foyer, et que le liquide ainsi répandu, loin de causer un incendie, ne fait que s’éteindre. Aussi quand le pétrole a été bien rectifié, son usage ne s’accompagne-t-il d’aucun danger. Les accidents qui ont été signalés ont eu pour cause des huiles mal purifiées. Mais dans ces cas, disons-le bien, les dangers sont réels. Le remède, c’est de s’approvisionner de pétrole parfaitement rectifié et exempt d’essences légères. L’examen du point d’ébullition du pétrole dont on veut faire usage, est donc indispensable pour s’assurer de la bonne qualité du pétrole et garantir toute sécurité.


CHAPITRE XXXII

emploi du pétrole comme combustible. — essais faits en amérique pour l’emploi du pétrole comme combustible. — expérience faite sur la seine en 1868 avec le yacht le puebla pour le chauffage des chaudières des machines à vapeur au moyen du pétrole. — forme et disposition de la chaudière. — avantages du pétrole comme agent de chauffage sur les navires à vapeur. — emploi du pétrole comme combustible dans les locomotives.

Un horizon tout nouveau s’est ouvert récemment à l’huile minérale de pétrole, que nous venons d’étudier au point de vue de l’éclairage. On a reconnu que ce liquide pourra un jour remplacer la houille comme combustible dans les chaudières à vapeur. Jusqu’ici l’Angleterre, la Belgique, et les autres nations manufacturières, ont dû la plus grande part de leur prospérité à la possession des mines de houille ; les contrées que la nature a dotées de réservoirs d’huile minérale trouveront également un jour la richesse dans les profondeurs de leur sol.

C’est par l’examen de cette nouvelle application du pétrole, que nous terminerons l’histoire de ce corps intéressant.

Chacun comprend à priori les avantages qu’amènerait la substitution du pétrole à la houille, comme moyen de chauffage industriel ; mais on n’apprécie pas bien, d’avance, par quelles dispositions pratiques on peut se flatter de brûler, sans danger, de l’huile de pétrole dans un foyer, sous une chaudière à vapeur. Nous donnerons donc la description de l’appareil qui a été expérimenté dans ce but à Paris, en 1868, et qui pourrait s’adapter facilement à des bateaux à vapeur et à des navires de tout tonnage.

Au mois de juin 1868, sur le yacht le