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Une lampe électrique avait été placée à chacune des deux extrémités de la nef. Chaque lampe était mise en action par une pile, formée de cent éléments de Bunsen. La première de ces lampes marcha de 5 à 10 heures et demie du soir ; la seconde de 10 heures et demie à 3 heures du matin, et de 3 heures à 6 heures. On réunit ensuite les deux lampes, pour les faire fonctionner ensemble, en envoyant parallèlement leurs rayons. Lorsque le jour parut, la lumière était encore dans toute son intensité. L’intervalle de 13 heures, pendant lequel la lampe électrique de M. Duboscq éclaira sans interruption était le plus long que l’on eût encore obtenu depuis que la lumière électrique était mise à contribution pour les travaux de nuit.

Un autre système de régulateur électrique, celui du professeur Way, c’est-à-dire la lampe électrique à conducteur de mercure, a été soumis en 1861, à Londres, à des expériences qui ont donné de bons résultats.

La lampe électrique de M. Way diffère de la lampe électrique ordinaire, en ce sens que les charbons y sont remplacés par un filet, ou une petite veine de mercure. Le filet de mercure sort de l’orifice d’un petit entonnoir en fer, et il est reçu dans une cuvette aussi en fer. Les deux pôles de la pile sont mis en communication, l’un avec le mercure de l’entonnoir ou du globe réservoir en verre qui le surmonte, l’autre avec le mercure de la cuvette inférieure. Il se produit entre les globules successifs de la veine discontinue, une série d’arcs voltaïques, comme il s’en produit entre les pointes des charbons, et l’on obtient ainsi une source assez continue de lumière électrique. La veine liquide illuminée est placée au sein d’un manchon de verre d’assez petit diamètre pour s’échauffer de manière à ne pas condenser la vapeur du mercure sur ses parois ; et comme la combustion se fait hors du contact de l’oxygène, le mercure n’est pas oxydé.

Ce qui s’est opposé pendant longtemps à l’emploi de la lumière électrique, c’était la difficulté d’empêcher les alternatives d’accroissement d’éclat et de défaillance, qui se succédaient dans la production de la lumière. Les appareils de Foucault et Duboscq que nous avons décrits, ne remédiaient pas entièrement à ces interruptions du courant, et la marche des charbons n’était jamais assez régulière pour que l’on fût certain d’éviter une extinction du foyer.

Un nouveau régulateur, construit par M. Serrin, est venu répondre parfaitement à toutes les exigences, c’est-à-dire donner un foyer toujours fixe et assurer la permanence de l’arc lumineux. Voici les effets variés que produit ce régulateur, sans que la main de l’opérateur ait à intervenir. À l’état de repos, c’est-à-dire lorsque l’électricité ne circule pas, il met les charbons en contact. Au contraire, ceux-ci s’écartent d’eux-mêmes dès qu’on ferme le circuit, et l’arc voltaïque apparaît. Ses charbons se rapprochent ensuite l’un de l’autre, de façon à ne jamais se mettre en contact. Si le vent ou toute autre cause, vient accidentellement à rompre l’arc voltaïque, l’appareil remet les charbons en contact, seulement pour fermer le circuit ; puis aussitôt il les éloigne, la lumière reparaît et le régulateur reprend sa marche normale. Si, à distance, on veut éteindre ou rallumer l’appareil, on peut le faire en agissant en un point quelconque du circuit. Enfin, ce régulateur maintient le point lumineux à une hauteur constante.

L’appareil de M. Serrin, qui permet d’obtenir ces effets multiples, est fondé sur le même principe que celui de Léon Foucault, et qui a déjà servi à construire bien des appareils analogues, c’est-à-dire sur l’aimantation temporaire d’une armature, variant d’intensité selon l’intensité du courant lui-même. Mais ce principe a été appliqué ici par un moyen assez neuf en mécanique.