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jours été belle et régulière ; elle éclairait les chantiers avec profusion, sans blesser pourtant les travailleurs par son intensité. La dépense par heure des matières consommées a été de 2 fr. 90. L’économie réalisée par l’application de l’éclairage électrique sur les torches est d’environ 60 pour 100. Si l’on considère en outre la gêne causée par la fumée des torches concentrée dans les profondes tranchées remplies de travailleurs, les pertes de temps pour entretenir leur combustion, leur faible clarté, on verra la grande et incontestable supériorité de la lumière électrique… La crainte de produire dans des temps égaux moins de travail pendant la nuit que pendant le jour n’est pas fondée. En été, l’ouvrier n’étant pas accablé par la chaleur du jour, travaille avec plus d’énergie et produit davantage ; pendant les nuits froides, il travaille pour se réchauffer ; dans aucun cas, le service de nuit n’est inférieur au service de jour…

« L’éclairage électrique a rendu aussi d’importants services aux travaux souterrains des grandes usines du Guadarrama. La profondeur du puits étant de 22 mètres, chaque galerie avait 16 mètres de longueur ; l’air était tellement vicié par l’explosion des pétards et la combustion des lampes des mineurs que les maçons pouvaient à peine y séjourner pendant quelques instants, les lampes ne brûlaient plus dans l’intérieur de la mine ; allumées à l’orifice du puits, elles s’éteignaient avant d’arriver au fond. Le travail était pressant ; je n’avais sous la main aucun moyen de ventilation ; je fis descendre un régulateur Serrin dans l’intérieur de la mine, Au bout d’une heure environ, voyant que les maçons ne se plaignaient nullement d’être incommodés, et ne demandaient pas à être relevés, je descendis dans la mine, et je constatai que l’on y respirait avec autant de facilité qu’en plein air, que les lampes y restaient allumées. Le travail des maçons, éclairé par la lumière électrique, s’est prolongé pendant cent douze heures consécutives sans aucun inconvénient. »

Le 26 décembre 1860, deux régulateurs de M. Serrin furent établis à titre d’expérience, sur l’un des phares du Havre. Le 25 novembre 1865, quatre régulateurs remplacèrent les lampes à huile dans les deux phares sud et nord du cap de la Hève.

Le 20 août 1864, à l’occasion de la présence du roi d’Espagne, onze régulateurs éclairèrent à giorno les pièces d’eau de Versailles.

Le mode d’illumination des jardins ou des parcs, fut tour à tour appliqué avec le même succès, les 15 août 1865 et 1866, à l’éclairage de l’Arc-de-triomphe de la place de l’Étoile ; — le 30 mai 1866, dans les jardins de la princesse Mathilde ; — le 11 juin, dans le parc de l’Élysée ; — le 19 juillet, dans les jardins de l’Ambassade d’Angleterre ; — le 22 janvier 1866, sur le lac des patineurs du bois de Boulogne. À un signal donné, quinze régulateurs s’allumèrent simultanément et resplendirent pendant de longues heures. Le 10 juin 1867, trente-trois lampes électriques, habilement distribuées dans le jardin réservé du palais des Tuileries, produisirent, pendant toute la nuit, des effets magiques.

Pendant l’hiver de 1868, c’est avec les régulateurs de M. Serrin que les travaux pour la construction des bâtiments du Journal officiel furent éclairés par la lumière électrique. Sans cet auxiliaire, ces travaux n’auraient jamais pu être achevés au terme voulu.

Nous terminerons cette revue des principaux régulateurs de la lumière électrique, en parlant de l’appareil primitif d’Archereau, qui, construit de nos jours et perfectionné d’une manière très-remarquable par M. Gaiffe, est souvent préféré aux deux appareils précédents, en raison de son extrême simplicité. L’appareil de M. Serrin est sans doute irréprochable dans ses effets, mais sa construction est dispendieuse. L’appareil que nous allons décrire, est exempt de cette condition.

Le régulateur de la lumière électrique de M. Gaiffe, qui n’est d’ailleurs que celui d’Archereau, très-perfectionné, repose sur un principe tout autre que les régulateurs de Foucault, Duboscq et Serrin. Il est fondé sur le principe des solénoïdes. Un fil de cuivre enroulé autour d’un aimant est placé de manière qu’à deux ou trois sections différentes de sa hauteur, il présente une plus grande épaisseur du fil. L’électro-aimant destiné à régler l’écartement des charbons est placé verticalement au milieu de ce solénoïde. Si le