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figure 144 représente le trépied grec tout enjolivé de dessins d’ornement ; la figure 145, le foculus des Romains, que l’on voit au Musée des antiques du Louvre.

Fig. 145. — Foculus romain.

Nous nous arrêterons un instant pour faire remarquer que cette manière de brûler le combustible à l’intérieur de l’appartement, sans lui ménager d’issue au dehors, créait un véritable danger. Les produits de la combustion du charbon sont du gaz acide carbonique, et dans quelques circonstances, du gaz oxyde de carbone. Dans une combustion complète, c’est-à-dire dans une combinaison avec la plus grande quantité possible d’oxygène, le charbon ne donne que de l’acide carbonique.

Ce dernier gaz est peu délétère. Il n’entretient pas, il est vrai, la respiration, mais il n’est point toxique, et la preuve qu’il n’a pas d’action particulièrement nuisible sur les tissus de notre corps, c’est que notre sang et nos poumons en contiennent toujours une certaine proportion, que l’expiration rejette. Les expériences du chimiste Leblanc ont montré qu’un animal peut vivre encore dans une atmosphère contenant presque la moitié de son volume d’acide carbonique.

Mais si l’air n’apporte pas un excès d’oxygène sur tous les points du charbon en ignition, si la combustion est incomplète, un autre gaz se forme : l’oxyde de carbone, poison terrible, qui tue, mêlé à l’air à la dose d’un centième seulement de son volume.

L’oxyde de carbone, inspiré, passe dans le sang, à travers la mince paroi des vaisseaux qui rampent dans le tissu pulmonaire, et il se combine chimiquement avec leur partie essentielle : les globules rouges. Ces corps sont paralysés dans leur fonction, et si un nombre suffisamment grand de ces globules est atteint par le gaz toxique, l’hématose, c’est-à-dire l’oxygénation du sang, n’a plus lieu, et la mort en est la conséquence.

Le gaz oxyde de carbone brûle avec une flamme bleue caractéristique, et se transforme en acide carbonique ; c’est ce qui produit les petites flammes bleues qui voltigent sur le charbon qui brûle. Presque toujours, en effet, sa combustion est incomplète, et de là résulte la formation d’une certaine quantité de gaz oxyde de carbone, qui se déverse dans l’air.

Telle est la cause des maux de tête dont sont fréquemment atteintes les personnes qui respirent dans un air où brûle un feu de charbon ; telle est la cause des maladies plus graves, à forme adynamique ou typhoïde, qui ne sont que l’exagération de l’état précédent, et dont nous aurons occasion de parler au sujet des poêles en fonte ; telle est enfin la cause des asphyxies que les gens du monde disent être produites par la vapeur de charbon.

Le bois et les autres combustibles, peuvent être considérés comme du charbon, joint à des matières organiques, lesquelles, par une combustion complète, se transforment toujours en acide carbonique et en vapeur d’eau. Mais dans le cas d’une combustion incomplète, le bois, comme le charbon, dégage de l’oxyde de carbone, et ce que nous avons dit au sujet du charbon pur est applicable au bois.