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Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 4.djvu/265

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CHAPITRE IV

construction des cheminées modernes. — composition du tuyau. — forme du foyer. — conduits de la fumée. — cheminée dite de rumford. — tablier mobile de lhomond. — cheminée à la franklin. — foyer mobile de bronzac. — cheminées anglaises pour brûler la houille. — foyers à flamme renversée.

Après cette histoire des perfectionnements successifs de l’art du chauffage au moyen des cheminées, nous aborderons la description des cheminées, en général, et nous ferons connaître les dispositions particulières de leurs parties essentielles, à savoir, le tuyau et le foyer.

En 1712 et 1713, le gouvernement français crut nécessaire de faire paraître des ordonnances pour fixer les dimensions à donner aux cheminées d’habitations. C’était pousser loin la fureur de réglementation administrative. Il est heureux, d’ailleurs, que ces ordonnances soient tombées en désuétude. D’après ce règlement, les gorges des cheminées d’appartement devaient avoir 4 à 5 pieds de largeur sur 10 pouces de profondeur (1m,30 à 1m,60 sur 0m,27), et les cheminées des cuisines des grandes maisons 4 pieds et demi à 5 pieds de largeur sur 10 pouces de profondeur. (1m,46 à 1m,60 sur 0m,27). Ces proportions exagérées données au tuyau de la cheminée faisaient naître des courants en sens différents, qui rabattaient la fumée dans les pièces. En outre les conduits occupaient une grande place dans les bâtiments.

Depuis cette époque, on a remédié en partie à ces défauts, en rétrécissant le conduit à la gorge, d’après les préceptes de Rumford, ou bien au sommet, ce qui donne à peu près le même résultat. On trouve encore à la campagne et dans les vieilles maisons de villes, bon nombre de cheminées de cette espèce, c’est-à-dire pourvues de gigantesques tuyaux, d’après les us et coutumes du dernier siècle.

Les mêmes ordonnances portaient que les conduits de la fumée devaient être bâtis en briques, soutenus, de distance en distance, par des tiges de fer. Cette dernière règle n’est pas plus appliquée aujourd’hui que la précédente.

Pendant longtemps les tuyaux furent faits exclusivement en plâtre, soit parce que leur prix de revient était peu élevé, soit parce que les changements de direction s’établissent plus facilement qu’en briques, et sans qu’il soit nécessaire de les maintenir avec des armatures métalliques. Le plâtre est peut-être pourtant, de tous les matériaux, celui qui présente les inconvénients les plus graves pour la construction des tuyaux de cheminées : la chaleur le calcine et le fend, les variations de température le disloquent, et l’eau provenant de la condensation de la vapeur du foyer, aussi bien que l’eau de la pluie, le désagrège et le détruit lentement.

Les tuyaux de fonte, quoique plus résistants, ne sont pas d’un meilleur service. Ils se dilatent, par la chaleur, plus que la maçonnerie dans laquelle ils sont engagés, et compromettent ainsi la solidité de l’édifice.

On préfère aujourd’hui, pour construire les tuyaux de cheminée, les conduites en terre cuite, soit qu’on emploie les briques creuses et moulées, dites wagons, dont on trouve dans le commerce cinq modèles de grandeurs différentes ; soit qu’on se serve de boisseaux, sorte d’anneaux qui s’emboîtent pour former les conduits, et dont six numéros correspondent à six dimensions diverses de cheminées ; soit, enfin, qu’on choisisse les briques cintrées, appelées briques Gourlier, du nom de leur inventeur. Ce dernier système fut, pour la première fois, mis en usage dans la construction du palais de la Bourse de Paris. Ces briques sont moulées de manière à former un canal en se juxtaposant.

Les briques Gourlier n’augmentent pas l’épaisseur de la muraille, et ne diminuent point sa solidité. Diverses formes et diverses grandeurs répondent à tous les cas de la