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M. Coulier, professeur de chimie au Val-de-Grâce, a également admis, à la suite d’expériences particulières, la perméabilité de la fonte portée au rouge, mais en restreignant à des proportions véritablement insignifiantes la quantité du gaz ainsi transmis.

Nous n’avons jamais accepté qu’avec répugnance cette explication théorique de l’origine du gaz oxyde de carbone, qui émane des poêles de fonte. Nous ne comprenons pas, en effet, comment, même en attribuant à la fonte la propriété étrange, anormale et presque antiphysique, de se laisser traverser par un gaz, nous ne comprenons pas, disons-nous, comment avec le tirage énergique du foyer d’un poêle allumé, le gaz oxyde de carbone, au lieu de suivre la voie toute simple et toute tracée du conduit de la fumée, pourrait se tamiser à travers les pores du métal. Le tirage doit infailliblement, il nous semble, entraîner pêle-mêle tous les gaz qui s’exhalent du charbon incandescent.

M. le général Morin ne se prononce pas nettement sur cette question. Si dans les conclusions de son mémoire, il déclare que l’oxyde de carbone peut provenir « de plusieurs origines différentes et parfois concourantes, savoir, la perméabilité de la fonte par ce gaz, qui passerait de l’intérieur du foyer à l’extérieur, » nous ne trouvons dans son mémoire aucune expérience qui autorise cette conclusion. Aucune recherche spéciale ne paraît avoir été faite par le savant académicien pour constater la réalité du phénomène dont il s’agit. Dans cette circonstance, M. le général Morin paraît donc s’en référer aux expériences de MM. Sainte-Claire-Deville et Troost. Nous aurions mieux aimé qu’il eût abordé de front la difficulté, et que, par des constatations personnelles, il nous eût appris ce qu’il faut décidément penser du phénomène, si contestable et si contesté, de la perméabilité de la fonte.

Si M. le général Morin n’a apporté aucun éclaircissement nouveau sur le point fondamental de la question qui nous occupe, il faut reconnaître au moins qu’il a su éclairer d’un jour nouveau le phénomène, pris en lui-même, de la production du gaz oxyde de carbone par une surface de fonte. Des expériences remarquables auxquelles il s’est livré, il résulte ce fait, à peine soupçonné jusqu’ici, que l’oxyde de carbone peut provenir de la décomposition de l’acide carbonique de l’air par une surface de fer portée au rouge.

On trouve dans le Traité de chimie de Thénard que le fer chauffé au rouge, décompose l’acide carbonique, s’empare d’une partie de son oxygène et le transforme en oxyde de carbone. M. Payen a répété cette expérience dans son laboratoire, en faisant passer du gaz acide carbonique dans un tube de verre chauffé au rouge sombre, et qui contenait du fer pur. Le gaz recueilli au sortir de l’appareil, a présenté tous les caractères distinctifs de l’oxyde de carbone, savoir : combustibilité avec coloration bleu pâle de la flamme, et absorption de 0,75 de son volume par le protochlorure de cuivre dissous dans l’acide chlorhydrique.

Dans une autre expérience, on a fait passer un courant d’air, tantôt sec, tantôt humide, sur des copeaux de fonte et sur des copeaux de fer ordinaire contenus dans un tube de verre chauffé au rouge sombre. Les gaz produits traversaient ensuite des tubes contenant du protochlorure de cuivre dissous dans l’acide chlorhydrique. L’oxyde de carbone s’est formé assez abondamment dans cette expérience, car on a pu l’extraire de la dissolution de protochlorure de cuivre et doser son volume.

Il est évident que ce qui se passe dans cette expérience de laboratoire doit se reproduire dans les poêles de fonte chauffés au rouge. L’acide carbonique naturellement contenu dans l’air de la salle, ou celui qui provient de