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gaz du charbon passent dans les tuyaux d’air pur, qui déversent ainsi dans les pièces de l’oxyde de carbone et de l’acide carbonique. Ces gaz produisent chez les personnes qui le respirent, les effets ordinaires de la vapeur de charbon, c’est-à-dire une sorte d’asphyxie, précédée de sécheresse à la gorge, de mal de tête et de malaise.

Quoi qu’il en soit, bien des personnes sont incommodées par les calorifères à air chaud, et si l’on nous permet de nous citer en exemple, nous dirons que nous n’avons jamais pu supporter l’effet d’un calorifère à air chaud établi dans notre maison. Au bout de quelques heures, la sécheresse de la gorge, les pesanteurs de tête, le refroidissement des pieds, la rougeur de la face, nous avertissent des inconvénients de ce système. Attribuant ces effets à la dessiccation de l’air, à l’absence de l’humidité normale, nous prîmes le parti, en 1869, de faire placer dans la chambre à air du calorifère, un bassin de tôle, capable de contenir 50 litres d’eau. M. Anez, architecte du palais de Meudon, qui s’est consacré à répandre à Paris cet excellent système, voulut bien diriger lui-même cette petite installation. L’air chaud envoyé par le calorifère pourvu du bassin plein d’eau, est devenu convenablement humide, et les effets de sécheresse ont disparu. Mais le remède n’a pas été complet, car l’air est toujours chargé de gaz nuisibles, et les maux de tête et les effets congestifs ont persisté. Nous avons donc pris le parti de supprimer l’usage du calorifère.

De tout cela, nous concluons qu’il y a dans la disposition des calorifères à air chaud, un vice fondamental, vice que la science n’explique pas encore d’une manière satisfaisante, mais qui doit provenir de l’imparfaite occlusion des tuyaux qui laissent mélanger dans le fourneau le gaz de charbon avec l’air envoyé dans les appartements, ou bien de la transpiration du gaz oxyde de carbone à travers la cloche de fonte du fourneau, ainsi que l’ont établi pour les poêles les observations du docteur Carret, de Chambéry, et les expériences confirmatives faites par M. le général Morin, en 1869.


CHAPITRE XI

principe du chauffage par les calorifères à vapeur. — avantages de ce système. — générateurs, tuyaux, joints, soupapes, reniflard, souffleur, compensateurs. — retour de l’eau à la chaudière. — poêle à vapeur. — pourquoi ce mode de chauffage n’a pas pris grande extension.

Un kilogramme d’eau à la température de 0° qu’on élève à la température de 100 degrés, prend au combustible 100 calories, ou unités de chaleur. À ce point l’ébullition commence, la température du liquide reste stationnaire, et le kilogramme d’eau absorbera encore 540 calories, pour se transformer entièrement en vapeur possédant la même température de 100 degrés. D’autres calories pourront ensuite être employées à dilater ce volume de vapeur, ou à augmenter sa pression si elle est renfermée dans un espace clos.

Si à ce moment, on cesse de chauffer et qu’on laisse la vapeur se refroidir, elle cédera, en premier lieu, la dernière chaleur ajoutée, et perdra sa dilatation, ou sa pression ; puis, arrivée à la température de 100 degrés, elle repassera à l’état liquide, et rendra les 540 calories, qui, de l’état liquide, l’avaient fait passer à l’état de vapeur. L’eau liquide possédera la température de 100 degrés ; enfin, cette eau, en se refroidissant jusqu’à la température primitive de zéro, perdra les 100 calories qui lui restaient.

On aura donc retrouvé intégralement la chaleur communiquée à l’eau par le combustible du foyer.

Supposons, maintenant, qu’une certaine quantité d’eau soit chauffée dans une chaudière close, à laquelle serait adapté un tuyau qui conduirait la vapeur produite, dans un local quelconque, situé à une certaine distance. La vapeur, en se refroidissant et en