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dépend surtout de la grandeur de la surface rayonnante, mais aussi, dans une certaine mesure, de la nature du métal et de l’état de sa surface. La couleur, quoi qu’on en ait dit, est à peu près sans influence, puisqu’une surface déterminée condense la même quantité de vapeur, et, par conséquent, émet le même nombre de calories, qu’on l’ait noircie avec de la plombagine, ou qu’on l’ait recouverte d’une couche épaisse de colle de poisson.

Les métaux polis rayonnent moins de chaleur que les métaux rugueux.

Les tubes verticaux rayonnent plus que les tubes horizontaux, parce que tout leur pourtour est également chaud, tandis que dans ces derniers, l’eau de condensation et la vapeur froide recouvrent la paroi inférieure et diminuent son action.

Le tableau suivant montre dans quelles limites les causes précitées font varier l’efficacité des tubes chauffeurs. On a supposé toutes ces surfaces exposées librement à l’air durant une heure, et grandes de 1 mètre carré, la température ambiante étant de 15 degrés.

La fonte nue en tuyau horizontal condensera 
1 kil, 81 de vapeur
La fonte noircie 
1 70
Le cuivre nu en tuyau horizontal 
1 47
Le cuivre noirci en tuyau vertical 
1 98
La tôle neuve 
1 80
La tôle rouillée 
2 10
Le cuivre noirci en tuyau horizontal 
1 70

M. Péclet a fait de belles expériences sur le refroidissement des corps, dans le but de déterminer la quantité de chaleur qu’il faut donner à une salle quelconque, pour chauffer, par les plus grands froids, au moyen de la vapeur. Nous renvoyons à son ouvrage pour ces détails tout à fait techniques. De ces expériences, il résulte qu’une surface rayonnante de 1 mètre carré, chauffée intérieurement par la vapeur, peut maintenir, dans tous les cas, à une température de 15 degrés, une salle construite à la manière ordinaire, et grande de 66 à 70 mètres cubes, ou un atelier de 90 à 100 mètres cubes de capacité.

Si les calorifères à vapeur n’ont pas pris jusqu’ici une grande extension, c’est que leur installation est coûteuse et délicate et que les réparations qu’ils exigent sont difficiles. Il faut un chauffeur pour surveiller et diriger constamment l’appareil ; enfin les bruits et les vibrations que produit la condensation, sont désagréables.

À Paris le palais de la Bourse, la manufacture des Tabacs, et quelques autres établissements publics, sont chauffés par ce système. Mais on ne pourrait songer à chauffer par ce moyen les maisons particulières, parce que le foyer doit être dirigé avec un soin et une habileté que peut seul posséder un chauffeur intelligent.

Nous verrons bientôt que le chauffage par la vapeur d’eau a été combiné de la manière la plus heureuse, par M. Grouvelle, avec le chauffage par l’eau liquide. C’est le système qui fonctionne à la prison de Mazas, à l’hospice Lariboisière à Paris et dans un grand nombre d’édifices publics, ainsi que dans quelques habitations particulières. Mais avant de parler de ce système mixte qui répond à tous les besoins de chauffage des grands édifices, nous aurons à étudier le chauffage par les calorifères à eau chaude.


CHAPITRE XII

l’invention de bonnemain. — principe du calorifère à circulation d’eau chaude. — calorifère à air libre. — appareil de m. léon duvoir. — appareils perkins à haute pression. — qualités et défauts de ce dernier mode de chauffage.

L’origine des calorifères à circulation d’eau chaude est fort ancienne, puisque les Romains employaient déjà des courants d’eau