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plus chaude, et la colonne CD plus refroidie.

Si faible que soit la différence de température, la circulation s’établit, même quand les tuyaux sont très-petits et offrent beaucoup de résistance. On calcule que si la colonne AB avait 1 mètre de hauteur, la colonne AD 50 mètres de longueur, et les tubes 11 centimètres de diamètre, dimensions fréquemment employées pour le chauffage des serres, avec une différence de température de 3 ou 4 degrés entre les deux branches verticales, le courant dans le tube AD aurait une vitesse de 3 centimètres par seconde, ou de 1m,80 par minute.

Un calorifère dans les conditions ordinaires, c’est-à-dire possédant un tube vertical qui élève l’eau chaude jusqu’au sommet d’une maison de trois ou quatre étages, peut porter la chaleur dans un rayon horizontal d’une centaine de mètres, beaucoup plus par conséquent, que les calorifères à air chaud, qui n’étendent leur action que dans un cercle de 10 ou 12 mètres, toutefois, moins que les calorifères à vapeur. Ce rayon de 100 mètres est plus que suffisant pour le chauffage des habitations particulières.

L’eau est l’un des corps qui possèdent la plus grande capacité calorifique. Un volume d’eau déterminé, chauffé à 100 degrés, pourrait, s’il donnait entièrement sa chaleur, élever à la même température un volume d’air 3 200 fois plus considérable. Il n’est donc pas nécessaire d’amener dans la salle à chauffer un bien grand volume d’eau chaude, pour en obtenir l’effet calorifique voulu.

Voilà l’un des principaux avantages des calorifères à circulation d’eau chaude ; mais ces appareils ont encore d’autres qualités.

Leur construction est simple et moins coûteuse que celle des calorifères à vapeur ; leur service n’exige pas autant de surveillance ni autant d’habileté. S’il faut un temps assez long pour échauffer toute l’eau contenue dans les appareils, et par conséquent pour donner aux appartements la température convenable, il faut aussi un temps fort long pour que l’eau se refroidisse, et l’on obtient facilement un chauffage régulier pendant toute sa durée. À cause de la grande capacité calorifique de l’eau, et du mélange parfait donné par la circulation, tous les poêles de chauffage possèdent à peu près la même température ; il n’y a pas un abaissement de plus de 3 ou 4 degrés aux extrémités d’un rayon de chauffage de 80 ou 100 mètres.

Ces calorifères constituent donc le meilleur mode de chauffage pour les maisons qui doivent être tenues chaudes également dans toutes leurs parties, et pendant un temps suffisamment long.

Il serait facile, pourtant, de chauffer une salle plus que l’autre, en donnant aux poêles un plus grand volume, ou une plus grande surface de rayonnement.

En outre, avec ce système, on peut, si on le désire, ne chauffer que très-peu les pièces, la circulation s’établissant par les moindres différences de température dans le circuit ; tandis qu’avec les autres calorifères il faut le plus souvent chauffer assez fortement, ou ne pas chauffer du tout. Avec les calorifères de cave, le tirage ne s’établit dans les tuyaux ventilateurs, qu’à la condition que l’air qu’ils contiennent soit porté à une température très-élevée.

Les calorifères à circulation d’eau chaude ont l’avantage, ainsi que les calorifères à vapeur, de ne modifier, de n’altérer en rien la pureté de l’air respiré. On sait que là est le grand défaut des calorifères à air chaud.

Après Bonnemain, le premier qui fit usage du genre d’appareils qui nous occupe, fut le marquis de Chabannes, qui, vers 1820, en établit plusieurs dans des maisons particulières, et dans divers établissements publics de Paris.

Ce mode de chauffage passa en Angleterre, vers 1825. Il s’y répandit très-vite, et par la pratique, il reçut quelques améliorations. Entre 1831 et 1840, on vit reparaître en