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salle est représenté par l’eau à expulser. Dans ce cas, les conduits de sortie étant percés vers le bas de la salle, l’air vicié s’écoule, et l’air pur le remplace continuellement, sans se mélanger avec lui.

Fig. 251. — Éprouvette contenant de l’huile et de l’eau.

Le renouvellement est donc intégral, parfait, et la première condition est remplie.

Quant aux deux autres conditions, est-il nécessaire de montrer, que les personnes se trouvant plus près du parquet que du plafond, les orifices de sortie de l’air seront rapprochés d’eux, et les orifices d’arrivée aussi éloignés que possible ?

Dans le système de ventilation par appel, les bouches de sortie sont au bout de la salle, et les bouches d’arrivée près du parquet. C’est le système le plus généralement appliqué. On le trouve naturel, parce qu’on pense que les gaz de la respiration et les produits de l’éclairage, étant plus chauds que l’air ambiant, ont de la tendance à monter plutôt qu’à descendre, et doivent être expulsés plus facilement par le haut de la salle que par le bas. Mais on n’a pas songé à la densité considérable de l’acide carbonique, provenant de la respiration et de l’éclairage. La densité de ce gaz est une fois et demie plus considérable que celle de l’air. On doit considérer que l’acide carbonique, quand il a perdu son excès de température, doit retomber, en vertu de son poids ; de sorte que telle molécule de ce gaz, incessamment sollicitée à monter par la direction du courant de ventilation, sera successivement respirée par plusieurs personnes. Échauffée par la chaleur des poumons, elle s’élèvera, pour retomber au niveau des individus, et ainsi de suite. Elle sera donc incessamment en mouvement dans les salles, et jamais expulsée.

L’air pur et chaud arrivant par le bas, tend à se porter, du premier coup, dans les couches les plus élevées. Sollicité directement par l’appel des bouches aspirantes, il s’y dirige, en ligne droite, sans se mêler sensiblement aux autres gaz, et sans entraîner avec lui beaucoup d’air vicié. La ventilation ainsi faite est illusoire. On s’imagine renouveler l’air, et l’on ne fait que produire des courants désagréables.

Les faits vont venir à l’appui des considérations théoriques, pour démontrer combien est vicieuse la méthode de ventilation, calquée, dit-on, sur la nature.

La salle de la Chambre des communes, à Londres, était ventilée par la méthode naturelle. L’air chaud, très-divisé à son entrée, pénétrait par des bouches ouvertes sous les pieds des membres du Parlement. Or, ceux-ci se plaignirent vivement des singuliers effets de ces bouches de chaleur. On diminua la ventilation jusqu’à la limite de température la plus basse : les honorables membres continuèrent de se plaindre. On couvrit les ouvertures d’un tapis, pour mieux tamiser l’air à son arrivée, et rendre son souffle insensible. Mais cette atténuation apportée au mal parut insuffisante, et les nobles lords demandèrent un autre système de ventilation.

Au palais du Luxembourg, l’ancienne