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cet encombrement n’est lui-même que l’expression et la conséquence d’une ventilation incomplète.

M. le professeur Verneuil a montré qu’un chirurgien consciencieux doit s’abstenir, dans les hôpitaux de Paris, de plusieurs opérations, qui sont pourtant nettement indiquées, et qui devraient être tentées partout ailleurs, notamment de l’opération césarienne, de l’ovariotomie, des grandes résections articulaires de la hanche et du genou, « ces fleurons de la pratique moderne, ces triomphes de la chirurgie conservatrice, » de la kélotomie, de l’extraction du cristallin et de ces nombreuses opérations, dites de complaisance, telles que celles de la blépharoplastie, des varicocèles, des lipômes, des hygromas, des corps étrangers articulaires, des tumeurs hypertrophiques de la mamelle, des doigts ankylosés, des orteils surnuméraires, toutes opérations qui se pratiquent parfaitement ailleurs, notamment en Angleterre, avec un complet succès.

Après ce préambule peu encourageant, nous passons à la description des modes de ventilation et d’assainissement qui sont en usage dans les hôpitaux de Paris.

Disons d’abord que la plupart des hôpitaux de la capitale ne sont ventilés en aucune manière. On nous a tant recommandé, on nous a tant dit, pendant notre enfance, de ne pas prendre froid, et d’éviter les courants d’air, que nous regardons les vents coulis comme les plus terribles de nos ennemis. Nous nous calfeutrons dans nos demeures, nous inventons les bourrelets de paille, voire même les bourrelets de caoutchouc, pour mieux fermer encore nos portes et nos fenêtres. À notre tour, nous élevons nos enfants dans du coton, et nous en faisons cette petite race lymphatique et poitrinaire, dont la taille diminue d’année en année, race chétive et rabougrie, si on la compare à celle de la nation anglo-saxonne. Quand nous avons à soigner un malade, nous redoublons ces mêmes précautions ; nous l’étouffons, par bonté de cœur. Les architectes, les administrateurs des hospices et jusqu’aux médecins, sont imbus du même préjugé. La ventilation, parce qu’elle introduit quelquefois dans les salles des courants d’air qui paraissent trop forts, trop froids ou trop chauds, leur est toujours quelque peu suspecte.

Dans plusieurs villes, où des idées plus saines sont professées à l’endroit de la ventilation, les hospices ne sont pas assez riches pour ventiler leurs salles d’après le savant système de l’hôpital Lariboisière, tant prôné dans les ouvrages classiques. Ce système paraît, d’ailleurs, si compliqué, que jamais simple ingénieur de la localité n’oserait aborder un projet semblable. On se résigne donc à rester dans la règle commune. Quelques rares fenêtres ouvertes dans les beaux jours, et donnant, comme à regret, un peu d’air salubre, voilà toute la ventilation des hôpitaux de nos départements. Et pourtant, disons-le bien bas, ces mêmes hôpitaux ne sont pas les plus mal partagés, sous le rapport de la mortalité.

Le moment est venu de décrire ce qui a été fait pour la ventilation dans les hôpitaux de Paris. À l’hôpital de Lariboisière, on a établi simultanément les deux systèmes rivaux, c’est-à-dire la ventilation par appel, et la ventilation par refoulement. À l’hôpital Necker et à l’hôpital Beaujon, on a essayé un système mixte, celui de M. le docteur Van Hecke. Parlons d’abord de l’hôpital Lariboisière.

Ce fut à la suite d’un concours ouvert pour la ventilation de cet hôpital, que l’administration de l’Assistance publique prit la sage mesure de faire établir simultanément dans chaque aile de l’édifice, le système d’appel proposé par M. Léon Duvoir, et celui d’insufflation proposé par M. Grouvelle, assisté de MM. Thomas et Laurens.

Ces deux systèmes fonctionnent aujourd’hui à l’hôpital Lariboisière. Rien n’était