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vue. On comprend à combien d’erreurs devait conduire une si vicieuse méthode. En premier lieu, les nuances des feux ne se distinguaient qu’à de petites distances. Elles subissaient, en outre, l’influence des circonstances atmosphériques, au point de se transformer complétement dans certains cas. Ainsi, par un brouillard quelque peu intense, la flamme blanche du bois devenait une lueur rougeâtre, analogue à celle de la houille en combustion. De là de nombreuses et fatales erreurs, que l’on s’explique sans peine.

Le premier perfectionnement qui fut apporté dans l’éclairage des phares, consista à substituer aux divers combustibles employés jusqu’alors, un certain nombre de chandelles groupées ensemble. Ces chandelles étaient placées dans une lanterne garnie de vitres de tous les côtés. Ce progrès, bien faible, était pourtant incontestable, car il soustrayait le fanal aux chances d’extinction par le vent et la pluie.

Vers 1780, une amélioration beaucoup plus importante fut réalisée sur divers points du littoral de la France. On remplaça les chandelles par des lampes à huile, et l’on disposa derrière ces lampes, des réflecteurs en métal bien poli, qui renvoyaient la lumière au large.

Les phares des caps de l’Ailly et de la Hève, ceux des îles de Ré et d’Oléron, furent pourvus de ce système perfectionné d’éclairage. En 1782, ce même système de fanaux fut établi sur la tour de Cordouan, située, comme nous l’avons dit, à l’embouchure de la Gironde. L’appareil d’éclairage ne comptait pas moins de quatre-vingts lampes, munies d’autant de réflecteurs. La plate-forme qui surmontait alors la tour de Cordouan, fut couronnée elle-même d’une coupole vitrée. Le monument de la côte du Médoc présenta alors l’aspect que retrace la figure 271 (page 425).

L’édifice, comme on le voit, était de forme octogonale. Jusqu’au premier étage, la tour était renforcée par un revêtement extérieur, en pierre. Le tout portait sur un soubassement circulaire. Dans la lanterne vitrée placée au sommet de l’édifice, étaient installées les quatre-vingts lampes à huile, munies de leurs réflecteurs.

Cet éclairage, qui devait être si puissant, en apparence, était pourtant insuffisant, en raison de la très-faible portée de la lumière qui provient de la combustion de l’huile. Pourvues de mèches plates, les lampes donnaient peu de lumière et beaucoup de fumée.

Les navigateurs ayant élevé des plaintes unanimes contre le nouveau système, il fallut en revenir à l’ancien mode d’éclairage, c’est-à-dire à la combustion du charbon de terre.

Peut-être les résultats eussent-ils été moins défavorables, si les réflecteurs eussent présenté une autre forme que la courbure sphérique. Mais ainsi construits, les miroirs ne renvoyaient qu’une faible partie des rayons lumineux, et le phare éclairait encore moins qu’avec les anciens fanaux composés de chandelles.

Les nombreuses réclamations des marins français eurent pour effet de provoquer un examen approfondi de la question. L’ingénieur en chef de la province de Guyenne fut chargé de remédier aux inconvénients du système des réflecteurs métalliques, système qui paraissait, malgré tout, devoir être supérieur à celui dont les marins demandaient le retour. On pensait que des modifications bien entendues apportées à la forme des réflecteurs, permettraient de les conserver.

L’ingénieur en chef de la province de Guyenne, s’appelait Teulère. C’était un homme d’un grand mérite, et il le prouva par le perfectionnement qu’il apporta aux miroirs réfléchissants employés dans les phares.

En 1783, Teulère fit paraître un mémoire très-remarquable, dans lequel il indiquait les principales dispositions qui constituent encore aujourd’hui nos appareils dits photophores. Depuis l’apparition du mémoire de Teulère, on n’a presque rien changé à la combinaison proposée par l’ingénieur borde-