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-cinq ans après qu’il en avait conçu l’idée et publié la description.

C’est Condorcet qui, le premier, indiqua la possibilité de construire ces lentilles en les formant de pièces fabriquées séparément et rapportées ensuite à côté les unes des autres.

Fig. 276. — Condorcet.

Voici comment Condorcet s’exprime à cet égard, dans son Éloge de Buffon, lu en 1788, à l’Académie des sciences :

« On pourrait même composer de plusieurs pièces ces loupes à échelons ; on y gagnerait plus de facilité dans la construction, une grande diminution de dépense, l’avantage de pouvoir leur donner plus d’étendue, et celui d’employer, suivant le besoin, un nombre de cercles plus ou moins grand, et d’obtenir ainsi d’un même instrument divers degrés de force. »

Ce que n’avaient vu ni Buffon ni Condorcet, et ce qu’aperçut fort bien Fresnel, c’est la possibilité de corriger, par la disposition en échelons, l’aberration de sphéricité des lentilles. Considérant une lentille terminée par une même surface sphérique, Buffon suppose qu’on déprime celle-ci par échelons, mais de manière que les nouvelles portions de surfaces sphériques demeurent concentriques à la première lentille, ce qui ne corrige nullement l’aberration. Il en est autrement si l’on donne un centre particulier à chaque segment ou anneau.

« Le calcul apprend, dit Fresnel, que les arcs générateurs des anneaux, non-seulement ne doivent pas avoir le même centre, mais encore que ces différents centres ne sont pas situés sur l’axe de la lentille, et qu’ils s’en éloignent d’autant plus que les arcs auxquels ils appartiennent sont eux-mêmes plus éloignés du centre de la lentille ; en sorte que ces arcs, en tournant autour de l’axe, n’engendrent pas des portions de surfaces sphériques concentriques, mais des surfaces du genre de celles que les géomètres appellent annulaires[1]. »

Il s’agit donc de calculer la courbure des divers segments annulaires, de telle façon que leurs foyers coïncident tous. L’aberration de sphéricité sera ainsi corrigée, à la condition toutefois que les segments soient suffisamment multipliés.

Fig. 277. — Marche des rayons lumineux dans une lentille à échelons du système Fresnel.

La figure 277 fait comprendre la marche des rayons lumineux dans une lentille à échelons dont les centres sont distincts pour chacun des anneaux qui la composent. La lampe

  1. Mémoire de Fresnel.