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Pour les phares de quatrième ordre, c’est-à-dire les fanaux, on se sert de simples lampes Carcel ou à modérateur, prises dans le commerce.

Depuis quelques années, les lampes à huile sont remplacées, pour l’éclairage des fanaux, par des lampes à schiste. Ces dernières lampes présentent cette particularité, qu’elles sont munies d’un verre lenticulaire à échelons reproduisant sur une petite échelle l’appareil optique des phares.

La figure 288 donnera une idée des lampes des fanaux. Ces lampes, que construit à Paris M. Masson, sont munies de verres lenticulaires de 225° d’amplitude. Le combustible est le schiste brûlé au moyen de deux mèches plates concentriques, comme le montre la figure 289, dans laquelle le verre lenticulaire a été enlevé pour laisser voir la lampe à schiste.

Nous ajouterons que le même fanal est employé pour éclairer les navires. On les place au mât, et elles éclairent tout l’horizon.

Les figures 290 et 291 représentent, l’une en élévation, l’autre en coupe, les lampes à pétrole construites par M. Masson pour l’éclairage des fanaux, et en même temps pour l’éclairage des navires.

Ces fanaux sont armés de verres lenticulaires de 5 éléments et de 225° d’amplitude. La lampe brûlant du pétrole, le bec est métallique et la flamme entourée d’un verre. Ce fanal s’éteint seul à heure fixe, quand on y met la quantité de pétrole nécessaire au temps de l’éclairage que l’on veut maintenir.

La portée de ces fanaux est de 6 à 8 milles. Ils suffisent pour indiquer l’entrée d’un fleuve, l’extrémité d’une jetée, etc.

Le schiste est aujourd’hui généralement substitué à l’huile pour l’éclairage des fanaux. Nous avons vu à l’atelier central des Phares de Paris, une lampe nouvelle destinée à l’éclairage des fanaux au moyen du pétrole. Cette lampe a été soumise, en 1868, à de nombreux et longs essais, qui ont donné les meilleurs résultats. Elle offre cette particularité, que le pétrole est envoyé à la mèche par un ressort, comme dans les lampes Carcel. C’est la première fois que nous avons vu le système Carcel appliqué au pétrole.

Depuis quelques années, un nouvel agent d’éclairage a été introduit dans les phares. Nous voulons parler de la lumière électrique, qui tout d’abord semble devoir si bien se prêter à cette application. Le 14 juillet 1863, M. Béhic, ministre du commerce et des travaux publics, ordonna de faire l’essai de l’éclairage par l’électricité, dans un phare de premier ordre, celui du cap de la Hève, près du Havre. Cette décision avait été prise à la suite d’un avis émis par la Commission des phares, et sur un rapport de M. Léonce Reynaud, dont nous allons faire connaître les résultats généraux.

La Commission des phares s’occupait depuis plusieurs années de l’étude de cette question fondamentale. Depuis l’année 1848, jusqu’en 1857, on avait fait dans l’atelier central des Phares, de nombreuses études pratiques sur l’éclairage électrique. L’intensité lumineuse de l’arc éclairant ne laissait rien à désirer, mais on ne connaissait alors que les piles voltaïques, comme moyen de produire de l’électricité. Or, ces appareils nécessitaient des manipulations peu commodes ; les courants n’étaient jamais constants, et l’on n’était même pas à l’abri d’une extinction subite. Ces divers inconvénients avaient conduit à abandonner momentanément l’idée de l’éclairage électrique pour les phares de notre littoral. Mais, en 1857, l’idée vint aux physiciens d’appliquer à la production de l’éclairage électrique, les courants d’induction, découverts par Faraday, et l’on vit ainsi s’ouvrir une voie nouvelle pour l’éclairage des phares. Dans les premiers mois de 1859, ce nouveau système avait été appliqué, à titre d’essai, en Angleterre, à l’éclairage du phare de South-Foreland.