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lanterne. Un grand vestibule carré et quatre petites chambres servant de logements et de magasins, occupaient la totalité du rez-de-chaussée. On arrivait au premier étage par un vaste escalier placé vis-à-vis de la porte d’entrée, et l’on se trouvait dans une salle semblable au vestibule, décorée, on ne sait trop pourquoi, du titre d’appartement du roi. On sortait de cette pièce sur une première galerie extérieure, reproduite au second étage, dont l’emplacement avait été utilisé pour l’installation d’une chapelle. Cette chapelle, de forme circulaire et terminée en dôme, était ornée à l’extérieur, d’élégants pilastres corinthiens et de fines sculptures. Un portail et des entre-colonnements décoraient également la façade et tout le pourtour du rez-de-chaussée.

Quoique ayant été restaurées, ces diverses parties, encore debout aujourd’hui, n’ont pas subi de modifications importantes depuis l’époque de leur construction ; mais le reste de l’édifice a été refait et considérablement augmenté vers la fin du xviiie siècle, lors de l’exhaussement de la tour par Teulère, inventeur des réflecteurs paraboliques et des appareils à éclipses. Déjà en 1727, sous Louis XV, une lanterne en fer avait été substituée à la lanterne primitive, qui alors était tout entière en maçonnerie, et qui, par cela même, présentait le grave défaut d’intercepter une partie des rayons lumineux. Ce ne fut qu’en 1786 qu’on se décida à augmenter la hauteur de la tour, afin de donner au feu une plus grande portée. L’élévation du foyer au-dessus des plus hautes mers, qui n’était jusqu’alors que de 37 mètres, fut portée ainsi à 63 mètres.

Au point de vue de l’art, le monument y perdit. Comme on peut s’en convaincre par l’inspection de notre gravure (fig. 296), il y a discordance entre les anciennes parties de la construction et les nouvelles, et les étages supérieurs de l’édifice contrastent singulièrement, par leur nudité, avec ce qui subsiste au bas de l’édifice, de l’architecture du xvie siècle. Néanmoins le phare de Cordouan conserve un caractère de grandeur, auquel on ne peut s’empêcher de rendre hommage, lorsque ce magnifique monument surgit du sein de la mer, aux yeux étonnés du spectateur.

Au-dessus de la porte de la chapelle, on a placé le buste de l’architecte Louis de Foix, avec une inscription que nous nous dispenserons de reproduire, car elle n’est qu’un parfait galimatias, digne reflet de la littérature de ce temps.

Dans la figure 296, qui représente l’extérieur du phare actuel, on a supposé la plateforme inférieure coupée par un plan vertical, afin de laisser à découvert la partie inférieure de la façade de la tour, et de la montrer ici dans toute sa hauteur.

On voit au rez-de-chaussée l’entrée du phare, ou porte de mer, précédée d’un large escalier, puis le vestibule. Autour de ce vestibule sont différentes pièces, à savoir : le magasin, la cuisine des gardiens, l’office, les chambres des gardiens, le bûcher, la forge, une chambre d’ouvriers, et des chambres réservées.

Au premier étage est la chambre de service. Un escalier à paliers conduit de là à la chambre de la lanterne.

Le phare de Cordouan a été complétement restauré dans ces dernières années. On l’a doté, en même temps, de caractères qui le distinguent de ses voisins. Il fait briller un feu blanc et rouge, à éclipses de minute en minute, dont la portée est de 27 milles.

Les deux phares de la Hève s’élèvent sur le cap de ce nom, près du Havre. Il n’est pas de touriste parcourant cette partie de la Normandie, qui ne soit allé les visiter, La construction de ces phares remonte à 1774. Tous les systèmes d’éclairage y ont été successivement appliqués. Après y avoir simplement brûlé de la houille, on plaça, en 1781, ainsi que nous l’avons déjà dit dans l’histoire des