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accessible. La profondeur d’eau, qui est de 20 mètres, dans les plus basses mers, au pied du rocher du côté du sud, augmente rapidement à mesure qu’on s’éloigne ; le fond est de roche et les courants de marée sont d’une grande violence sur ce point. Quand on s’occupa des travaux de construction de ce phare, on avait espéré pouvoir maintenir dans ce point un navire au mouillage pendant la belle saison, pour servir au logement des ouvriers ; mais on fut obligé d’y renoncer.

On conçoit les difficultés qu’a dû présenter la construction de ce monument sur la pointe d’un rocher. Nous allons donner une idée de la manière dont les travaux purent s’exécuter.

On installa une cabane dans la partie répondant au vide de la tour, immédiatement après avoir dérasé le sommet de la roche. Elle entourait un mât vertical, placé au centre de la construction et armé d’une corne à sa partie supérieure pour le montage des pierres. Le débarquement des matériaux s’opérait au moyen de mâts de charge semblables installés sur le rocher, l’un à l’entrée de la petite crique du nord, l’autre sur l’extrémité sud-est de la roche. Il s’opérait avec promptitude toutes les fois que l’état de la mer permettait l’accostage.

La construction fut exécutée en moellons avec chaînes, socles, encadrements et corniche en pierres de taille de granit. Les parements de ces pierres présentent de vigoureux bossages rustiqués.

Les moellons de parements entre les angles en pierres de taille sont en granit rouge de Ploumanac’h. La pierre de taille provient de l’Île-Grande. Elle est d’un gris bleuâtre et d’un grain fin. Ce contraste de couleurs fait ressortir vigoureusement les lignes de la construction que bien peu de personnes sont appelées à voir de près.

Les travaux, commencés en 1861, furent terminés en 1864. Ils présentèrent de sérieuses difficultés, surtout dans la première campagne, où, chaque jour, l’atelier devait être ramené du chantier à terre, à 21 kilomètres de distance.

La violence de la mer est telle que, depuis l’achèvement de l’édifice, les lames ont plusieurs fois couvert en grand toute la plateforme inférieure et projeté l’embrun jusqu’à la hauteur de la plate-forme supérieure. Néanmoins la construction a pu être terminée sans accident, et sans qu’aucun des ouvriers ait été blessé.

Le phare de Triagoz est de troisième ordre. Nous donnerons plus loin la figure de ce phare que sa situation au haut d’un rocher nu et abrupt rend très-pittoresque.

Phares en charpente. — Comme exemple de phare en charpente, nous citerons celui de Pontaillac, placé à l’entrée de la Gironde, et pour lequel on a adopté ce mode de construction, à cause du mouvement des sables et du déplacement possible de l’édifice.

Le phare de Pontaillac (fig. 299) a la forme d’une pyramide quadrangulaire, tronquée à la hauteur de la lanterne, et composée de quatre solides poteaux, que relient des entretoises et des croix de Saint-André. Des boulons en fer assemblent les pièces ; la cage de l’escalier est renfermée entre quatre poteaux verticaux, qui contribuent à la stabilité de l’ensemble. L’échafaudage repose sur un petit mur en maçonnerie, qui lui constitue une base immuable, et en même temps le met à l’abri de l’humidité du sol. La chambre de service est située au-dessous de la lanterne, sur la plateforme qui couronne le monument.

Le phare de Pontaillac est de troisième ordre ; la hauteur de son foyer au-dessus du sol est de 36 mètres. Il a été exécuté en 1856 et 1857, et les dépenses de construction se sont élevées à 54 067 francs, y compris celles qui correspondent à une maison de gardien, bâtie à proximité du phare.

Phares en fer. — Les phares en fer sont d’invention toute récente. Tout le monde a