Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 4.djvu/486

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été fréquemment condamnés à des voyages infructueux. Les constructions en fer et la navigation paraissaient devoir résoudre le problème, et, sur la proposition de la Commission des phares, le Ministre de l’agriculture, du commerce et des travaux publics, décida que les Roches-Douvres seraient signalées par un phare de premier ordre à feu scintillant et composé entièrement de métal.

C’est en 1868 qu’a été exécuté le travail pour l’édification du phare métallique de l’Exposition sur cet emplacement.

La roche qui a reçu ce monument de fer, est située à peu près au milieu du côté sud du plateau ; elle s’élève au niveau des hautes mers, et le soubassement en maçonnerie de l’édifice a 2m,10 de hauteur. La tour métallique a 48m,30 de hauteur depuis son pied jusqu’au niveau de la plate-forme supérieure, et 56m,15 jusqu’au sommet de la lanterne. Son diamètre, qui est de 11m,10 à la base pour le cercle inscrit, est réduit à 4 mètres au sommet.

Les figures 300 et 301 montrent l’élévation et la coupe du phare des Roches-Douvres.

Un escalier en fonte occupe le centre de l’édifice, les magasins et logements de gardiens sont distribués au pied de la construction, et sont surmontés de deux galeries intérieures où pourraient être recueillis des naufragés et où coucheront les ouvriers que des circonstances exceptionnelles pourront appeler à passer quelques jours dans le phare.

Les logements se composent d’un vestibule, dans lequel sont arrimées les caisses à eau, d’un magasin, d’une cuisine, de trois chambres de gardiens et d’une chambre réservée pour les ingénieurs en tournée d’inspection.

Une soute à charbon est ménagée dans l’épaisseur du massif, au-dessous de la cage de l’escalier.

La plupart des phares métalliques exécutés jusqu’à présent, sont formés de feuilles de tôle plus ou moins épaisses, qui sont rivées entre elles. Ce système n’a pas paru devoir être adopté ici : en premier lieu, parce qu’il fait reposer la solidité de l’édifice sur une enveloppe qui, grandement exposée à l’oxydation, ne peut être de longue durée, surtout si l’entretien est négligé ; en second lieu, parce que la pose des rivets et le mode de construction exigent des ouvriers spéciaux et des échafaudages difficiles à établir sur une roche de dimensions restreintes. On s’est donné pour conditions :

1o De rendre l’ossature de l’édifice indépendante de l’enveloppe extérieure, de la mettre à l’abri des embruns de mer, qui sont une cause énergique d’oxydation, d’en faciliter la visite et l’entretien, et de réduire autant que possible l’étendue des surfaces qui pourraient retenir l’humidité ;

2o De disposer la construction de telle sorte que la tour pût s’installer sans échafaudages montant de fond, et sans qu’il fût nécessaire de poser un seul rivet sur place.

On s’est attaché d’ailleurs à ne pas admettre de pièces de telles dimensions qu’il en résultât des difficultés d’embarquement, d’arrimage à bord ou de montage.

Seize grands montants, composés chacun de quinze panneaux sur la hauteur, constituent l’ossature de la construction. Chaque panneau est formé de fers à T, assemblés, consolidés et rivés de manière à être parfaitement solidaires et à ne pas se prêter à la déformation sous les plus fortes actions qu’on puisse prévoir. Ces panneaux se boulonnent les uns sur les autres, et des entretoises, appliquées tant au dedans qu’au dehors et également boulonnées, maintiennent les montants dans leurs positions. Enfin, sur ces dernières entretoises et sur les faces extérieures des montants, s’appuient les feuilles de tôle constituant l’enveloppe, dont les joints sont couverts par des plates-bandes en fer, et qui sont fixées par des boulons.

Chaque montant porte à son sommet une