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bitement une augmentation de vitesse, et se troublèrent. Durant plusieurs heures, le puits rejeta de nombreux débris de végétaux, parmi lesquels des rameaux d’épine noircis par suite de leur séjour dans l’eau, des tiges et des racines de plantes marécageuses, des graines de différentes espèces, paraissant avoir séjourné tout au plus trois ou quatre mois dans l’eau, enfin, des coquilles terrestres et fluviatiles. Tous ces débris, ramenés d’une profondeur de 110 mètres, ressemblaient à ceux que les petites rivières et les ruisseaux laissent sur leurs bords après un débordement. Comme ils ne pouvaient avoir été entraînés par des eaux filtrant à travers des couches de sable, ils démontraient l’existence d’un courant circulant librement dans des canaux souterrains.

La fontaine qui fournit la plus grande partie de l’eau potable à la ville de Nîmes, et qui circule au milieu de la charmante promenade de ce nom, est alimentée par une véritable rivière souterraine, et peut-être par plusieurs, si l’on considère son énorme débit.

Par les temps d’extrême sécheresse, le débit de la fontaine de Nîmes descend jusqu’à 1 330 litres par minute ; mais, s’il survient une grande pluie dans le nord-ouest, fût-ce même à 10 ou 12 kilomètres de la ville, ce débit s’élève rapidement jusqu’à 10 000 litres par minute, sans que la température de l’eau varie sensiblement. Il faut conclure de là, que l’eau qui alimente la fontaine de Nîmes, est amenée de loin, et qu’en outre, la source souterraine est animée d’une vitesse assez considérable, puisque la crue se manifeste presque immédiatement après la pluie.

Il n’est pas toujours facile, lorsqu’on creuse un puits artésien, de distinguer ces rivières souterraines des nappes tranquilles. Voici cependant quelques exemples d’une constatation péremptoire.

À Paris, près de la barrière Fontainebleau, des ouvriers foraient un puits, quand tout à coup la sonde leur échappe et s’enfonce de 78 mètres. Elle fût probablement tombée plus bas, si la manivelle, placée transversalement dans l’œil de la première tige, n’eût été trop longue pour glisser dans le trou de forage. Lorsqu’on entreprit de la retirer, on reconnut qu’un courant assez fort l’entraînait latéralement. Peu après, l’eau jaillit.

À la gare Saint-Ouen, MM. Flachat constatèrent également l’existence d’un courant énergique dans la troisième des cinq nappes liquides qu’ils rencontrèrent successivement. Non-seulement la sonde y tomba de 0m,35 et se mit à osciller d’une manière significative, mais lorsque la tarière, chargée des débris des couches inférieures, passait à la hauteur de la troisième nappe, tous ces débris étaient emportés, et il devenait complétement inutile de remonter l’instrument jusqu’à la surface du sol.

À Stains, près de Saint-Denis, et à Cormeille (Seine-et-Oise), MM. Mulot et Degousée ont, respectivement, reconnu des signes évidents de courants souterrains.


CHAPITRE III

instruments de sondage. — tiges de sonde. — outils rodeurs. — outils percuteurs. — différents systèmes pour produire la chute de ces derniers. — instruments de nettoyage et de vidange du trou.

Nous sommes resté jusqu’à présent, dans le domaine des généralités. Abordons maintenant la partie technique de cette Notice, celle qui a trait à la pratique des sondages, aux différents systèmes employés, à la description des outils, ainsi qu’à l’énumération des procédés mis en œuvre pour réparer les accidents qui se produisent si fréquemment dans les forages un peu profonds.

MM. Degousée et Ch. Laurent ont publié un ouvrage excellent, le Guide du sondeur[1],

  1. Guide du sondeur, ou Traité théorique et pratique des