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piston en cuir embouti, et là n’était même pas l’objection que l’on faisait à M. Franchot. Un brevet d’addition obtenu par M. Joanne le 17 mai 1833, paraît avoir donné lieu à l’assertion mentionnée plus haut.

La lampe de M. Joanne se compose d’un corps cylindrique dans lequel se meut librement un piston. « Le piston, dit l’auteur, se compose actuellement d’un poids en plomb dont la pesanteur surpasse celle de la colonne d’huile, assez pour la porter au-dessous du bec et pour combattre le frottement du piston ; 2o d’un piston en cuir bouilli offrant, au centre, une ouverture à bords rentrants, puis une surface sphérique plate, puis un rebord extérieur aussi recourbé et rentrant. Ce piston, dès qu’il est abandonné sur l’huile qui retrousse son bord extérieur, est tenté de s’ouvrir et de s’agrandir, ce qui le rend toujours parfaitement juste avec le cylindre. »

La lampe est traversée verticalement par un tube central terminé au bas par une partie mobile montée à baïonnette et qui sert à régler ou à fermer au besoin l’ouverture servant à l’introduction de l’huile de la lampe dans ce tube.

La pièce mobile se termine à sa partie inférieure par une partie cassée en une pyramide tronquée, s’adaptant dans un évidement de même forme pratiqué dans le fond de la lampe. En appuyant sur le tube, on fait pénétrer la pièce dans son évidement, ce qui l’arrête solidement, et, en faisant tourner le tube, on ouvre ou ferme l’ouverture.

Pour remonter la lampe, on saisit l’extrémité supérieure d’un tube que l’on soulève. Ce tube en montant saisit par deux crochets, le dessous du piston et l’entraîne avec lui de bas en haut. L’huile versée au-dessus du piston passe au-dessous. On abandonne alors le piston à lui-même, et on repousse le tube. Le poids du piston presse sur l’huile qui remonte dans le tube par le trou.

À l’intérieur du tube est disposée une soupape qui se ferme lorsqu’on remonte la lampe, et s’ouvre lorsque le piston agit. La tige de cette soupape porte à son extrémité inférieure une éponge qui vient alors s’appliquer contre le siège de la soupape et modère l’ascension de l’huile.

On voit, d’après ce qui précède, qu’en effet M. Joanne a eu l’idée d’appliquer à sa lampe astéare ou lampe-chandelle, un piston à bords retroussés analogue au piston en cuir embouti déjà employé dans quelques pompes et notamment dans les presses hydrauliques, en raison de ses propriétés étanches.

Or, on remarquera que, si le piston en cuir retroussé et bouilli de M. Joanne permet de supprimer la soupape d’aspiration, l’auteur paraît ne pas y avoir songé, puisque, au lieu d’utiliser la flexibilité des bords du cuir, pour le passage de l’huile du dessus au-dessous du piston, il a ménagé à la pièce du tube un étranglement qui, ne remplissant plus entièrement le trou central du piston, lorsqu’on remonte la lampe, laisse passer toute l’huile par ce trou.

Supprimer une soupape, était une simplification assez importante pour que l’auteur en fît mention et donnât à ce sujet quelques explications. On ne peut donc lui donner le bénéfice de son silence, en tirant du vague et de l’incorrection de son dessin des simplifications peut-être faciles à imaginer, mais auxquelles il n’est pas vraisemblable que l’auteur ait songé, puisqu’il n’a pas su en tirer les conséquences pratiques.

M. Franchot peut donc avec raison maintenir que, le premier, il a employé dans sa lampe à modérateur le piston-soupape disposé ad hoc.

Nous ferons en outre observer que, même à première vue, la disposition du piston de M. Franchot diffère de celle du piston en cuir bouilli de M. Joanne.

Une autre simplification importante introduite par M. Franchot dans la lampe à piston, est la suppression de la soupape de retenue employée par M. Joanne.

L’huile, dit M. Franchot dans son brevet, ne cesse pas d’arriver au bec tandis qu’on remonte le piston, au contraire, elle surabonde en ce moment. Cet effet est dû à la tige du piston, laquelle, en raison de son épaisseur, foule l’huile en montant beaucoup plus vite qu’elle ne pourrait s’écouler dans le conduit rétréci du régulateur.

Brevet Allard. — Lampe à huile ascendante au moyen d’air comprimé, et qui se régularise en faisant filtrer l’huile à travers une éponge.

Le tuyau d’ascension de l’huile que décrit l’inventeur dans son brevet primitif est en effet muni, à son extrémité inférieure, d’une botte contenant une éponge serrée entre des morceaux de toile métallique. On peut, dit l’inventeur, remplacer ce tuyau par un jonc poreux.

La pression produite sur l’huile ascendante par un coussin d’air comprimé agit sur l’éponge en resserrant les pores qui ne laissent passer l’huile qu’en en retardant la marche.

À mesure que le coussin d’air se détend, et que par suite il tend à faire monter l’huile avec moins de force, l’éponge moins comprimée offre à cette dernière une résistance moindre. L’ascension de l’huile se trouve ainsi régularisée à un certain degré.

Dans une première addition du 25 juillet 1828, M. Allard dit que l’éponge et le jonc filtrant, s’obstruant au bout de quelque temps par l’accumulation des impuretés de l’huile, il les remplace par un tube capillaire, « l’expérience ayant démontré que, pour un même orifice de tube, et une même pression, la quantité d’huile fournie dans un temps donné est en raison inverse de la longueur du tube. »

Telle est en effet la théorie du régulateur de M. Franchot, mais il reste à trouver la manière de faire varier la longueur de ce canal capillaire pen-