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de millimètres que le sondage a de mètres. Quand ce tube eut été implanté dans un socle, il en couvrit le fond d’un cercle de glace polie, pour figurer la nappe d’eau artésienne. Sur l’eau ainsi représentée, il commença, avec l’aide de M. Mulot, à placer les matières retirées du puits, dans l’ordre inverse à celui de leur extraction, et en donnant exactement à chaque couche l’épaisseur indiquée par les notes de M. Mulot, vérifiées par M. Élie de Beaumont.

Les matières qui se succèdent ainsi à partir de la couche aquifère sont : 1o Du sable vert de la couche aquifère ; 2o des argiles sableuses ; 3o de la craie, et ainsi de suite, en remontant jusqu’au sommet de la colonne transparente, dont la couche supérieure est du sable pris sur le sol même de l’abattoir.

Ce curieux et fragile monument méritait d’être conservé par la gravure. M. Bizet s’y décida, et cet intéressant modèle fut ainsi perpétué.

C’est cette gravure même que nous reproduisons ici (fig. 738), en la réduisant.

Les sables verts commencent à la profondeur de 547 mètres ; la sonde y étant entrée d’un mètre environ, la profondeur du puits de Grenelle est donc de 548 mètres.

La température de l’eau du puits de Grenelle est de 27°,7 centigrades. Quant à sa pureté, elle fut reconnue supérieure à celle de l’eau de Seine par Pelouze, qui en fit l’analyse immédiatement après le jaillissement. Le débit du puits à la surface du sol, avant le tubage définitif, était d’environ 1 million de litre par heure.

Nous devons dire que les savants avaient parfaitement prédit ce résultat, et l’avaient annoncé avec une précision qui fut pour tout le monde un juste sujet d’étonnement.

Pendant les travaux du puits de Grenelle, le public s’occupait beaucoup de cette importante expérience, et en suivait les phases avec la plus vive curiosité. Arago ne cessait d’affirmer que le succès du puits de l’abattoir était infaillible, si l’on avait assez de persévérance pour traverser toute la couche de craie. Il s’appuyait sur les succès des forages d’Elbeuf pour assurer que, si l’on rencontrait à Paris la même nappe d’eau, elle jaillirait à la surface du sol. De son côté, M. Élie de Beaumont, l’illustre géologue, ne cessait de prodiguer les conseils de sa haute science aux personnes chargées de ce travail pénible, et de leur prodiguer ses encouragements. C’est, on peut le dire, à la persévérance d’Arago et aux conseils éclairés de M. Élie de Beaumont que l’on dut la réussite de cette entreprise.

Fig. 379. — M. Élie de Beaumont.

Ainsi les prévisions de la science furent confirmées dans toute leur étendue. L’issue des travaux du puits de Grenelle fut un succès des plus brillants et des plus mérités, pour la géologie et l’hydraulique.

La pose des colonnes d’ascension commença le 29 juin 1841. Cette opération fut