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qui s’élève et retombe sans cesse à l’aide de cordes glissant sur des poulies ; c’est ce qu’en termes techniques on appelle un mouton.

Le tube est muni à cet effet, à environ 50 centimètres du sol, d’un large collier de fer, solidement fixé par des boulons. Le mouton tombe et retombe à coups pressés sur ce collier, et enfonce ainsi le tube dans le sol, avec une grande force de pénétration. Quand le collier vient toucher le sol, on le dévisse, on le revisse sur un autre tuyau ; on ajoute ainsi autant de tuyaux qu’il en faut pour atteindre la couche aquifère.

De temps à autre, on fait descendre dans le tube une ficelle terminée par un lingot de plomb, afin de reconnaître si l’on a atteint la nappe d’eau. Lorsqu’on l’a rencontrée, on arrête le forage, on adapte à l’extrémité du tuyau une petite pompe aspirante, et au bout de quelques coups de piston, on voit sortir par l’extrémité du tube une eau abondante, qui, boueuse dans le premier moment, ne tarde pas à devenir d’une limpidité parfaite.

À partir de ce moment, on peut, dès qu’on le désire, se procurer de l’eau : il suffit, pour la faire arriver, de faire agir la pompe pendant quelques secondes.

Certains de ces puits bien situés fournissent jusqu’à 2 000 et 3 000 litres d’eau par heure.

Nous représentons dans la figure 392 la manière d’établir un puits instantané.

Comme nous venons de le dire, pour établir un de ces puits, on se sert d’un long tube en fer forgé, terminé en cône à sa partie inférieure, qui doit pénétrer dans le sol à la façon d’un pilotis. Cette partie conique est en outre percée d’un grand nombre de trous, par lesquels l’eau pénétrera dans l’intérieur du tube.

On enfonce ce tube par le moyen suivant : Une forte bride en fer, C, glisse le long du tuyau T et le serre fortement lorsqu’on la fixe à la hauteur voulue. Au-dessus de ce collier ou bride, on fait descendre une masse en fonte assez lourde, P, suspendue par des anneaux. On établit alors une chèvre au-dessus de l’endroit choisi pour y tenter le forage, et, soulevant l’espèce de mouton, P, à l’aide d’une poulie et de palans, on le laisse retomber de tout son poids sur le collier C. Ce collier, étant fixe, reçoit l’effort, et par suite fait enfoncer le tube à chaque battage. Quand le collier C est arrivé près de terre par suite de l’enfoncement du tube, on le remonte, on l’assujettit bien et on recommence de nouveau le battage. Le bout du tube opposé à la partie conique, est fileté de façon à permettre d’ajouter un autre tube au premier lorsqu’il est enfoncé, et d’arriver ainsi à la longueur utile, en ajoutant successivement des tubes qui se vissent sur ceux qui sont déjà dans le sol.

Une petite pompe disposée ad hoc, sert à s’assurer, de temps en temps, si la couche aquifère a été rencontrée. Dans les premiers moments la pompe aspire du gravier, de la boue, etc., etc. ; mais au bout d’une heure de repos, une excavation s’est faite à l’extrémité, c’est-à-dire autour du cône percé formant crépine, et bientôt l’eau arrive parfaitement claire.

L’eau ainsi puisée est très-fraîche, et le puits une fois bien établi pourrait fonctionner très-longtemps, si l’oxydation ne finissait par user les tubes.

La pose d’un puits instantané, dans l’hypothèse d’un terrain où l’on ne rencontre pas d’assises rocheuses à traverser, peut s’établir en deux heures.

Dans une expérience qui eut lieu, en 1868, sur la route de la Révolte, près du village Levallois, la nappe d’eau, située à une profondeur de 3 mètres environ, fut atteinte en une heure. Trois quarts d’heure après, elle donnait une eau potable.

L’utilité de ce curieux système, c’est de permettre, dans quelques circonstances, de se procurer de l’eau en peu de temps et à peu de frais. Dans tous les terrains d’allu-