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comprimé par le liquide qui monte, atteint, à un moment donné, la limite de sa compression, et se trouve réduit à une couche très-mince, qui protège le haut du vase contre le contact de l’eau. Cette expérience peut être faite par tout le monde.

Pour la rendre plus saisissante, on suspend au haut du verre une bougie allumée, et l’on constate que, bien que le verre soit tout entier immergé dans l’eau, la bougie continue de brûler, c’est-à-dire que l’eau arrêtée par la pression de l’air comprimé contenu dans le haut du verre, ne s’élève pas jusqu’à ce point, pour noyer la bougie. C’est ce que représente la figure 396.

Fig. 396. — Principe de la cloche à plongeur de l’antiquité.

Donnons maintenant à notre verre des dimensions assez grandes pour qu’un ou plusieurs hommes puissent y trouver place, et nous aurons construit une cloche à plongeur, c’est-à-dire un espace dans lequel des hommes pourront respirer et vivre, bien qu’ils soient enveloppés par l’eau de toutes parts.

Telle est la cloche à plongeur dont parle Aristote dans ses Problèmes :

« On procure aux plongeurs, dit le célèbre philosophe grec, la faculté de respirer, en faisant descendre dans l’eau une chaudière ou cuve d’airain. Elle ne se remplit pas d’eau et conserve l’air, si on la force à s’enfoncer perpendiculairement ; mais si on l’incline, l’eau y pénètre. »

Ce passage d’Aristote prouve que la cloche à plongeur, avec la disposition élémentaire que nous venons de signaler, était déjà employée chez les anciens. Cependant le même passage exige une explication. Il semble, en effet, donner à entendre que, dans aucun cas, la cloche ne se remplit d’eau, pourvu qu’on la maintienne parfaitement verticale. Cette assertion ne saurait être exacte pour tous les cas pratiques de l’emploi de cet appareil.

Lorsque l’air contenu dans la cloche est à la pression ordinaire, l’eau commence à envahir le récipient, dès qu’elle en touche les bords ; car la pression du liquide s’ajoute alors à la pression atmosphérique pour refouler l’air intérieur. À mesure que la cloche descend, la hauteur de la colonne d’eau intérieure augmente, et par conséquent aussi sa pression ; l’air est donc de plus en plus condensé dans la cloche. À la profondeur de 10m,33, l’eau occupe déjà la moitié de la cloche ; car la pression exercée sur l’air intérieur est égale à 2 atmosphères (on sait, en effet, que le poids d’une colonne d’eau de 10m,33 équivaut à la pression atmosphérique). À 21 mètres, les deux tiers de la cloche sont remplis d’eau ; à 32 mètres, les trois quarts. Il arrive enfin un moment où l’air est tellement comprimé qu’il n’occupe plus qu’un espace insignifiant, alors l’individu qui serait placé dans la cloche serait infailliblement submergé.

Ainsi construite, la cloche à plongeur serait fort imparfaite, puisqu’elle ne permettrait de descendre qu’à une profondeur très-restreinte. Ajoutons que l’air qu’elle contient, n’étant pas renouvelé, se vicierait promptement, par la respiration des plongeurs. En outre, cet air s’échaufferait de manière à affecter péniblement les organes. Il en résulte que l’appareil devrait être fréquem-