Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 4.djvu/636

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sur ses côtés, et descendait au moyen de poids accrochés sous ses bords.

La cloche de Halley présentait un grave inconvénient. Comme elle était très-lourde, et par conséquent fort difficile à manœuvrer, il suffisait du moindre dérangement dans l’un quelconque de ses organes, pour mettre la vie des plongeurs en danger, car il fallait un temps assez long pour la remonter.

Pour faire disparaître ce défaut, Spalding, d’Édimbourg, supprima l’armature métallique de la cloche, qu’il construisit tout en bois.

La figure 398 représente la cloche de Spalding. Pour faire descendre l’appareil, il attacha à sa partie inférieure, deux poids, A, A′, retenus par les crochets e, e′ Un troisième poids, B, était suspendu au centre de la cloche, et pouvait s’élever et s’abaisser à volonté, au moyen d’une poulie à moufle, C. Le plongeur agissait lui-même sur ce poids, en tirant la corde, D, qui le supportait. Lorsqu’on laissait tomber ce poids jusqu’au fond de l’eau, la cloche, devenue plus légère, remontait automatiquement ; dans le cas contraire, elle s’abaissait. En laissant filer la corde d’une quantité convenable, le plongeur pouvait donc se transporter à telle profondeur qu’il désirait, et l’appareil se trouvait en équilibre au milieu de l’eau, dans des conditions de stabilité qui manquaient complétement à l’ancienne cloche de Halley.

Spalding avait compris que la rupture de la corde, ou un autre accident, pourrait enlever toute efficacité à son ingénieux système d’élévation et d’abaissement au milieu du liquide. Aussi avait-il adjoint aux organes qui viennent d’être décrits, une autre disposition, destinée à suppléer à la première, en cas de malheur.

La cloche était divisée en deux parties, par un plancher horizontal, EF, qui formait une chambre GHEF, indépendante de celle du bas. Une ouverture, I, pratiquée à la partie supérieure de la première chambre, laissait entrer l’eau dans cette chambre GHEF, mais seulement pendant la descente, et l’air intérieur était expulsé au dehors. L’eau, ayant rempli cette chambre, faisait descendre tout l’appareil. Mais on pouvait le faire remonter par la disposition inverse, c’est-à-dire en chassant l’eau de cette cavité au moyen de l’air comprimé qui existait dans la chambre inférieure EFAA′. Pour introduire dans cette chambre supérieure l’air comprimé contenu dans la chambre inférieure, il suffisait de tourner un robinet R, qui mettait en communication les deux capacités. Ouvrait-on le robinet, l’air comprimé se précipitait de bas en haut, chassait en tout ou en partie l’eau contenue dans la chambre supérieure, suivant la quantité qu’on en laissait passer, et rendait la cloche plus légère de tout le poids de l’eau déplacée. On pouvait ainsi diminuer la rapidité de la descente, ou s’arrêter à une certaine hauteur, ou bien remonter à la surface, en variant avec discernement l’afflux d’air de la base vers le sommet.

Une fenêtre vitrée, H, éclairait l’intérieur de la cloche.

Grâce à ces modifications, la cloche à plongeur acquit une grande facilité d’évolution. Pour la déplacer sous l’eau, il suffisait de quelques hommes placés dans une barque et qui la poussaient avec la main.

Spalding, l’inventeur de ce perfectionnement de la cloche de Halley, finit tristement au sein même de sa machine. Étant descendu dans la mer, en 1785, pour recueillir les épaves d’un vaisseau naufragé sur les côtes d’Irlande, il souffrit du manque d’air, et en revenant à la surface de l’eau, il fut frappé d’une attaque d’apoplexie, à laquelle il succomba.

En 1786, l’ingénieur Smeaton, qui s’était rendu célèbre, en Angleterre, par la construction du phare d’Eddystone, perfectionna beaucoup la cloche à plongeur, en remplaçant les barils pleins d’air comprimé, dont on faisait usage depuis Halley, par une pompe foulante, qui envoyait dans la cloche, avec régularité, l’air nécessaire à la respiration des plongeurs.