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compliments à nos amis d’au-dessus de l’eau, » tel était, dit M. Esquiros, le texte d’un de ces messages, auquel il fut répondu en moins de trois minutes : « Santé et prospérité aux gentlemen habitant la région des poissons ! » On écrit la dépêche soit sur un morceau de papier à la plume, soit sur une planche avec la craie.

La lumière du soleil pénètre dans l’intérieur de la cloche, par une douzaine d’épaisses lentilles, encastrées dans des cercles de cuivre, et protégées, dans certains cas, contre les chocs par un treillis en fer. La clarté est, d’ailleurs, plus ou moins vive, suivant la profondeur à laquelle on descend et suivant la limpidité de l’eau. En général, on voit assez clair au sein de l’appareil pour y pouvoir lire un journal imprimé en petit texte. On a même conservé le souvenir d’une lady qui écrivit une lettre, et la data ainsi : « 16 juin 18.., du fond de la mer. » Les plongeurs, émerveillés, lui décernèrent le titre de Diving-belle (la belle plongeuse), expression qui cache un jeu de mots résultant de ce que la cloche à plongeur se dit en anglais Diving-bell[1].

On pourrait croire que la profession de plongeur rémunère assez largement celui qui l’exerce pour qu’il consente à affronter des dangers, heureusement rares, mais terribles. Il n’en est rien. Les ouvriers que M. Esquiros a vus à Plymouth, ne gagnaient pas plus de 20 à 25 shillings par semaine, soit 25 francs 30 centimes à 31 francs 60 centimes ; encore y avait-il des moments où ils ne pouvaient travailler, par exemple lorsque la mer était très-houleuse. En été, ils faisaient quotidiennement sous l’eau, deux séances, de cinq heures chacune, et ils ne s’en trouvaient point incommodés ; ils y prenaient au contraire, un grand appétit.

Les plongeurs novices ressentent ordinairement de violents maux de tête et des bourdonnements d’oreilles ; mais ces effets disparaissent après la seconde ou la troisième descente. Les hommes vieillis dans le métier assurent même que, bien loin de nuire à la délicatesse de l’ouïe, l’air comprimé constitue un remède excellent contre la surdité. Les seules infirmités auxquelles soient exposés les plongeurs, sont celles qui doivent résulter de leur piétinement continuel dans l’eau et la vase.


CHAPITRE III

les scaphandres. — appareil de lethbridge. — l’homme bateau de l’abbé de lachapelle. — scaphandres de klingert, de siebe et de cabirol, — le scaphandre en amérique. — l’explorateur jobard. — signaux à l’usage des scaphandriers. — éclairage sous-marin. — ce que ressent un amateur descendant au fond de l’eau revêtu du scaphandre.

Certes, la cloche à plongeur a rendu des services, et elle en rendra peut-être encore dans des cas déterminés ; mais qui ne voit les inconvénients d’un tel appareil ? Enfermé dans une étroite prison, l’ouvrier sous-marin doit borner ses investigations à un espace très-restreint. Il ne peut se transporter librement dans tous les sens. Enfin, déplacer la lourde machine, est toute une affaire, en raison de la difficulté qu’on trouve à l’amener juste au point désiré.

Il est donc naturel qu’on ait cherché à construire un appareil moins embarrassant que la cloche, et qui laissât au plongeur une plus grande liberté d’allures. Des efforts qui furent tentés, dans cette direction, à différentes époques, sortit le scaphandre.

À qui faut-il attribuer le mérite de l’invention du scaphandre ? C’est ce qu’on ne saurait établir d’une manière précise. En 1721, un certain John Lethbridge imagine un appareil en forme de tonneau, avec deux trous pour passer les bras, et un œil de verre pour voir dans l’eau. Cette sorte de vêtement était fort incommode, vu l’obligation où se

  1. L’Angleterre et la Vie anglaise, p. 193.