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Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 4.djvu/654

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phandriers, mais il se produit dans leurs organes une sorte de trépidation, qui use très-promptement l’existence des hommes voués à ce rude métier.

Cela posé, on aperçoit le défaut du scaphandre Siebe, du scaphandre Cabirol et de tous ceux du même genre. Ces appareils envoient très-régulièrement de l’air comprimé dans les poumons ; mais la pression de cet air est-elle constamment et parfaitement proportionnelle au poids de la colonne d’eau, augmenté de la pression atmosphérique ? Non ; elle est tantôt plus grande, tantôt plus petite, et ce défaut d’équilibre produit dans l’organisme les désordres que nous avons signalés.

D’autres inconvénients sont attachés aux anciens scaphandres. Le plongeur, recevant sa ration de fluide respirable au moyen d’une pompe atmosphérique foulante placée à la surface, est dans la dépendance complète de cette machine. Si elle cesse accidentellement de fonctionner, et qu’on ne s’en aperçoive pas immédiatement, ou si le tuyau vient à se rompre, le plongeur ne reçoit plus d’air, et meurt asphyxié.

Il faut encore faire remarquer que les mouvements sont rendus très-difficiles aux plongeurs placés au fond de l’eau, par le fait du vêtement qui les enveloppe tout entiers. En effet, ils triomphent d’autant moins aisément de la poussée du liquide, qu’ils en déplacent un volume plus considérable. Or, l’injection de l’air dans le scaphandre, a précisément pour effet d’augmenter ce volume.

Il restait donc à créer un appareil qui fut exempt de ces inconvénients. Cet appareil, MM. Rouquayrol et Denayrouse sont parvenus à le combiner de la manière la plus heureuse. C’est en appliquant à l’exploration sous-marine un appareil inventé pour l’exploration des mines, que le nouveau scaphandre a été réalisé. Expliquons-nous.

M. Rouquayrol, ingénieur des mines, avait eu l’idée et avait mis cette idée en pratique, de placer sur les épaules du mineur, un réservoir métallique, contenant de l’air comprimé, air que l’individu aspirait au moyen d’un tube, en renvoyant, par un autre tube, l’air expiré. Cette ingénieuse disposition, qui avait paru efficace pour pénétrer à l’intérieur des mines, dans les galeries infestées par le gaz grisou, M. Denayrouse, lieutenant de vaisseau, trouva qu’elle s’appliquerait merveilleusement aux appareils plongeurs. Les deux inventeurs s’entendirent, et mirent cette idée à exécution.

L’appareil que MM. Rouquayrol et Denayrouse ont combiné, c’est-à-dire le nouveau scaphandre, présente les avantages suivants :

1o L’ouvrier puisant l’air nécessaire à sa respiration dans un réservoir qu’il porte sur son dos, et qu’alimente une pompe d’un effet certain, peut, en cas d’accident, se séparer du tuyau d’air et remonter à la surface avant que l’air lui manque totalement.

2o À l’aide d’une disposition introduite à l’intérieur du réservoir d’air comprimé, c’est le poumon lui-même qui règle la pression de l’air, contenu dans ce réservoir. Il y a donc proportionnalité constante entre la pression qui s’exerce à l’extérieur et celle qu’on lui oppose à l’intérieur du corps.

3o La pompe à air est construite de telle façon que la compression peut être poussée très-loin sans crainte de fuites, et que l’air reste toujours frais.

4o Le vêtement est bien plus souple et plus léger que celui des anciens appareils. Pour les immersions de courte durée et dans les cas pressants, il peut être supprimé complétement. Le plongeur descend alors sous l’eau, simplement muni du réservoir à air.

5o Cet engin est, en outre, peu embarrassant. Par la simplicité de son fonctionnement et la liberté d’allures qu’il laisse au plongeur, il permet de réaliser une économie très-notable sur le prix de revient de certains travaux.

Passons maintenant à la description détaillée de l’appareil, afin de justifier les proposi-