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Plongeur, comme le remarquait très-justement le Moniteur de la flotte, offrirait à un petit nombre d’hommes intelligents et résolus les moyens d’attaquer avec succès des bâtiments d’une grande puissance et d’une grande valeur, et de renouveler ainsi les exploits de ces audacieux constructeurs de brûlots qui, au siècle dernier, ont illustré la marine française. »

« Un des épisodes de la guerre américaine confirme cette opinion. C’était en 1863. Les Confédérés possédaient un petit bateau sous-marin qui était loin d’avoir une aussi bonne installation que celui de M. Bourgois. Construit pour les travaux de port, il renfermait un mécanisme mû à la main qui faisait évoluer une hélice. Immergé, il recevait l’air par le moyen élémentaire d’un long tuyau maintenu à la surface de l’eau par un flotteur. Depuis Fulton, on le voit, la navigation sous-marine avait fait en Amérique peu de progrès. Les Confédérés n’en tentèrent pas moins avec cet engin incertain la destruction de l’Hoosatonic, navire amiral de l’escadre qui bloquait Charleston. Ayant placé une torpille à l’avant du bateau, son commandant, profitant de la nuit, se dirigea entre deux eaux sur l’escadre fédérale. Il l’atteignit sans encombre et fixa facilement la torpille sous le navire. Un moment après, l’arrière de l’Hoosatonic sautait et le bâtiment tout entier s’affaissait dans les flots. Le petit bateau n’eut pas un sort plus heureux : comme il rentrait à Charleston, il se brisa sur la barre de la rivière.

« En pourvoyant leur bateau sous-marin d’une machine infernale, les Américains suivaient en cela les plans de M. Bourgois. À l’avant du Plongeur, celui-ci a placé un large éperon en forme de tube conique. Cet éperon renferme une cartouche capable de contenir de la poudre ou une bombe incendiaire. Étant donné un bâtiment à détruire, le Plongeur s’en approche et le frappe de son dard, qui ouvre à 3 mètres au-dessous de la ligne de flottaison une large blessure où, comme l’abeille, il laisse son aiguillon meurtrier ; puis, faisant mouvoir sa machine en arrière, il se retire promptement en déroulant un fil métallique avec lequel il peut, à la distance qui lui convient, déterminer l’explosion.


CHAPITRE VII

applications diverses des appareils plongeurs. — recherche des riches épaves. — nettoyage des carènes de navire. — constructions sous-marines. — mise à flot des bâtiments. — pêche du corail et des éponges.

Les applications des appareils plongeurs sont nombreuses et variées : nous les passerons rapidement en revue, pour terminer cette Notice.

Recherche des richesses englouties au fond de l’eau. — Le scaphandre est un engin des plus précieux pour la recherche des riches épaves. Maintes fois déjà, il a montré ce qu’on pouvait attendre d’un pareil instrument de découvertes.

Fig. 427. — Plongeurs trouvant une caisse pleine d’or dans le port de Marseille.

Il y a quelques années, deux paquebots, le Gange et l’Impératrice, s’abordèrent dans l’avant-port de Marseille, et une caisse remplie d’or fut précipitée du second de ces navires dans la vase, qui forme une couche épaisse au fond de l’eau de l’avant-port. Le lendemain, on s’occupa de rechercher le précieux colis. Un gros plomb de 60 kilogrammes fut descendu approximativement au lieu de l’abordage. Ce plomb portait deux cordes divisées par mètres à l’aide de nœuds. Deux plongeurs revêtus du scaphandre tendi-