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la pêche des éponges au moyen des scaphandres.

Depuis ce moment, ceux qui avaient poussé aux violences populaires, furent les premiers à se procurer des machines, et à procéder, avec ces engins nouveaux, à la pêche des éponges.

D’après le mémoire qui nous a fourni les détails précédents, le commerce total des éponges pêchées par les barques du littoral syrien et de l’Archipel ottoman (Symi, Calimnos, Rhodes, Smyrne, Hydra) a été, en 1866, de 161 000 francs pour 11 machines ; ce qui fait une moyenne de 14 600 francs pour une machine, c’est-à-dire plus du double du rendement des meilleures barques ordinaires. Il est prouvé qu’une machine à plongeur rapporte au moins trois fois le produit de la meilleure barque de pêche ordinaire.

Aussi voit-on, en ce moment, cette industrie se développer à Rhodes et à Smyrne, où l’on ne s’en occupait pas jusqu’ici.

Dans la campagne de 1867, il y avait 15 à 18 machines à plongeur occupées à cette pêche. Ce mouvement ne s’arrêtera pas, car il est de toute évidence que l’introduction des scaphandres réalisera toute une révolution dans l’industrie qui vient de nous occuper.

L’inventeur du bateau sous-marin que nous avons décrit et figuré dans cette Notice (page 665), M. le docteur Payerne, assisté de M. Lamiral, qui s’était associé à son entreprise, avait proposé, en 1856, non une pêche régulière des éponges au moyen du bateau sous-marin, mais une naturalisation de ce zoophyte sur nos côtes d’Algérie. MM. Payerne et Lamiral, comptant sur l’identité probable des eaux de la Méditerranée dans ses divers parages, et sur l’analogie des climats, voulaient transporter les éponges syriennes sur les côtes de notre colonie d’Afrique, et ils indiquaient, à cet effet, un moyen aussi simple que rationnel.

Les bateaux sous-marins, disaient MM. Payerne et Lamiral, iraient sous les eaux de Tripoli, de Beyrouth ou de Seïda, choisir, parmi les éponges vivantes, celles qui paraîtraient préférables pour ces essais ; on ferait éclater et on enlèverait les parties de rochers qui les portent. Cette récolte vivante serait placée dans des caisses perméables à l’eau, qu’on pourrait faire flotter à telle profondeur qu’il serait nécessaire. Les caisses seraient remorquées vers l’Algérie, et enfoncées au fond de la mer, où les éponges seraient disposées par l’équipage du bateau sous-marin dans des conditions aussi semblables que possible à celles de leurs contrées natales. Il semble, quand on considère la fécondité et la vitalité énergique des zoophytes, qu’en peu d’années on aurait à récolter sur nos côtes africaines un nouveau produit, que l’emploi des scaphandres permettrait d’exploiter avec méthode et discernement. Pour des tentatives de ce genre, l’impossibilité du travail sous-marin était l’obstacle à peu près unique, car les animaux inférieurs croissent et se reproduisent en général avec une simplicité qui ne semble laisser à craindre aucune difficulté sérieuse pour leur transplantation sous d’autres rivages maritimes.

Le peu de succès pratique qu’a obtenu le bateau sous-marin de M. Payerne a empêché de donner suite à ce projet ; mais il serait facile de le reprendre au moyen du nouveau scaphandre de MM. Rouquayrol et Denayrouze.

Nous terminerons cette Notice en disant que les appareils plongeurs se prêtent encore à d’autres applications que nous avons dû passer sous silence. Il est tout d’abord bien évident que le scaphandre Rouquayrol et Denayrouze peut servir à pénétrer dans tout lieu rempli de gaz méphitiques ou irrespirables, tels que les soutes à charbon situées dans la cale des navires, les fosses d’aisances, les égouts, etc. En cas d’incendie, il permettrait de pénétrer dans une cham-