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absorbe aujourd’hui une bonne partie de l’aluminium qui se fabrique en France.

Il y avait toutefois une difficulté à l’introduction de la nouvelle matière dans les usages religieux, les rites catholiques ne permettant que l’argent et l’or pour les cérémonies du culte. Il était donc nécessaire de décider l’Église catholique à accepter l’adjonction du nouveau métal aux deux seuls qui soient tolérés depuis des siècles.

Un digne prélat français comprit de quelle importance pouvait être pour le clergé pauvre, pour les petites paroisses, l’emploi d’un métal solide, brillant, inaltérable, économique, réunissant toutes les qualités de l’or et de l’argent, sans en avoir la valeur élevée. Il fit plaider auprès du Saint-Père, à Rome, la cause de la nouvelle métallurgie, et obtint pour M. Paul Morin une audience du Souverain Pontife.

Le Saint-Père, après s’être fait rendre compte par Mgr Regnani, savant professeur de chimie romain, des qualités exceptionnelles du bronze d’aluminium, des avantages qu’il présentait par sa solidité, son éclat et son prix modeste, autorisa, par un rescrit en date du 6 décembre 1866, l’emploi du bronze d’aluminium pour la fabrication des coupes de calice et des patènes.

Cependant la Congrégation des rites, conservatrice née des usages traditionnels, ne se rendit pas entièrement. Elle voulut que l’on conservât au moins l’apparence, l’extérieur. Expliquons-nous. Elle exigea que tout en fabriquant en bronze d’aluminium les vases sacrés, on dorât leur surface intérieure. Ainsi, pour tout vase sacré, la dorure est obligatoire : l’intérieur des coupes et leurs bords extérieurs, ainsi que l’intérieur des patènes doivent être dorés.

L’Église, on le voit, a tenu bon pour le principe. Elle s’est, toutefois, montrée accommodante ; elle n’a pas exigé le fond des choses : une pellicule l’a contentée. C’est peu de chose qu’une pellicule d’or ; mais ici elle a maintenu le principe et sauvegardé les apparences.

Grâce à ce mezzo termine qui a tout arrangé, il n’est si modeste paroisse qui ne puisse avoir ses vases sacrés et son orfévrerie, en matière solide et belle ; pas d’humble vicaire qui ne puisse posséder en propre son calice, à l’abri des atteintes du temps, de la profanation et de la cupidité.

fin de l’aluminium et du bronze d’aluminium.