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industriels ont remarqué que si l’on mélange la paraffine impure avec du sulfure de carbone, celui-ci exerce son action dissolvante sur les goudrons noirs qui la souillent, avant d’agir sur la paraffine. Partant de cette observation, ils prennent la paraffine brute et colorée, l’empâtent avec une petite quantité de sulfure de carbone, puis soumettent le tout à une pression modérée ; le sulfure de carbone s’écoule et entraîne avec lui les matières colorantes (brai et goudron) qui souillent la paraffine, de telle sorte qu’en répétant deux ou trois fois cette opération, on obtient la paraffine dans un état de pureté et de blancheur parfaites. MM. Cogniet emploient d’ailleurs des hydrocarbures légers et volatils, comme le pétroléum, aussi bien que le sulfure de carbone. Il ne reste plus alors qu’à refondre la paraffine et à la couler pour la transformer en bougies d’une translucidité remarquable[1]. »

Comme la bougie de blanc de baleine, la bougie de paraffine est d’un prix élevé ; elle ne peut donc figurer que dans les éclairages de luxe.


CHAPITRE XVII

l’éclairage au gaz. — les effluves gazeuses naturelles. — les sources de feu en asie, en amérique, en europe. — observations scientifiques de ce même phénomène faites en angleterre. — james hales et clayton. — philippe lebon crée en 1798 l’éclairage par le gaz retiré du bois calciné. — le thermo-lampe. — travaux de philippe lebon. — sa vie et sa mort.

Pendant que l’éclairage par les lampes à huile marchait lentement vers sa perfection, un rival s’élevait à côté de lui, qui devait bientôt le reléguer à une place inférieure, par suite des avantages immenses qu’allaient offrir et ses qualités lumineuses et l’économie de sa fabrication. Tout le monde a nommé le gaz (gaz hydrogène bicarboné).

L’éclairage par le gaz n’est qu’une suite très-simple des découvertes chimiques accomplies au siècle dernier. On savait depuis longtemps, que la combustion de certains fluides aériformes s’accompagne d’un dégagement de lumière et de chaleur, et dès la fin du xviie siècle, l’expérience avait appris que la houille, soumise, en vases clos, à une haute température, fournit un gaz susceptible de brûler avec éclat. Mais jusqu’à la fin du siècle dernier, personne n’avait songé à tirer parti de ce fait. L’idée d’appliquer à l’éclairage les gaz combustibles qui se forment pendant la décomposition de certaines substances organiques, appartient incontestablement à un ingénieur français, nommé Philippe Lebon. Les moyens employés par notre compatriote pour appliquer à l’éclairage les gaz qui résultent de la décomposition du bois reçurent, en France, un commencement d’exécution ; mais ils ne furent pas poussés très-loin : la mort de l’inventeur arrêta cette industrie naissante. L’idée de Philippe Lebon fut reprise en Angleterre par l’ingénieur W. Murdoch, et les procédés imaginés alors pour l’extraction du gaz, eurent pour effet de créer définitivement cette industrie, qui se répandit bientôt en France, en Allemagne et dans toute l’Europe.

Telle est, en un trait général, l’histoire de l’invention qui va nous occuper. Examinons maintenant avec détails, les faits historiques qui se rapportent à cette question.

Le gaz hydrogène carboné qui sert à l’éclairage, et que l’industrie humaine fabrique aujourd’hui en quantités immenses, est fourni, depuis des siècles, par la nature, dans un certain nombre de pays, particulièrement en Perse, dans le Caucase, dans l’Inde et la Chine, enfin dans le Nouveau Monde.

C’est dans les environs de Bakou, port de la mer Caspienne, en Perse, que se trouvent les effluves les plus curieux de gaz inflammable.

Ce gaz naturel provient de l’intérieur de la terre, qui recèle, dans ces contrées, d’abondantes sources d’huile de pétrole. Cette huile, dont le centre de production est situé aux environs de Bakou, est utilisée par les habi-

  1. Dictionnaire de chimie industrielle, par MM. Barreswil ei Aimé Girard, tome II, in-8, Paris, 1862, p. 236-238.