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ou lors de la mise en marche ou de l’arrêt du moteur d’une usine.


Nous avons maintenant à examiner comment on maintient constant le niveau de l’eau dans la chaudière. On se sert, pour cet usage, de deux appareils distincts :

1o Injecteurs d’eau ;

2o Pompes d’alimentation ;

Injecteurs. — L’injecteur est l’appareil si ingénieux imaginé par P. Giffard, et qui fit époque dans l’histoire de la machine à vapeur. Nous représentons en coupe cet appareil dans la figure 92 (page 97). Il se compose, comme on le voit :

1o D’un volant A, servant à manœuvrer une tige de bronze à vis, terminée par un cône à son extrémité ;

2o D’une capacité cylindrique en bronze, C ;

3o D’un robinet d’arrivée de vapeur, D, d’un tuyau d’aspiration de l’eau, V, d’un tuyau de purge ou de trop-plein, L, enfin d’une boîte à clapet, S, qui empêche l’eau de sortir du générateur, quand l’appareil est au repos.

Voici comment fonctionne l’appareil, pour produire l’alimentation constante de la chaudière d’une machine à vapeur. On commence par tourner le volant A, de manière à ce que le cône de bronze porte bien sur son siège. On ouvre alors le robinet de vapeur, D. Puis on ramène, au moyen du volant A, la tige en arrière, jusqu’à ce qu’il ne sorte plus d’eau par le conduit L. Il arrive alors un moment où la force vive du mélange d’eau et de vapeur est telle qu’elle soulève le clapet S, et rentre dans la chaudière.

On voit que le principe de l’injecteur Giffard, c’est de communiquer à un mélange d’eau et de vapeur une force vive telle que ce mélange, agissant de dehors en dedans, puisse exercer, sur un clapet fixé à la chaudière, une pression plus grande que celle qu’exerce la vapeur contenue dans cette chaudière de dedans en dehors.

La figure 94 représente le type primitif de l’injecteur Giffard, que construisent encore aujourd’hui MM. Flaud et Cohendet à Paris. Il est horizontal, comme chacun le sait.

On donne quelquefois à cet appareil une forme verticale. Nous représentons (fig. 93, page 97) l’injecteur Giffard vertical. On reconnaît à la seule inspection de cette figure le même appareil, mais disposé dans le sens vertical.

Depuis son invention, qui remonte à l’année 1860, l’injecteur Giffard a reçu divers perfectionnements, pour éviter certains inconvénients qui étaient inhérents à son emploi. Ces inconvénients sont : 1o d’exiger un réservoir où l’eau soit en charge pour alimenter, c’est-à-dire de ne pas pouvoir aspirer l’eau sans aucune pression ; 2o de ne pouvoir injecter l’eau d’alimentation à une température dépassant + 40° centigrades.

Les plus employés des nouveaux injecteurs construits depuis Giffard sont : l’injecteur Kœrting et les injecteurs de vapeur d’échappement, qui sont en même temps de véritables condenseurs.

Pompes d’alimentation. — Les pompes alimentaires sont de deux sortes : les unes sont mues par la machine elle-même, et sont généralement placées à côté du condenseur (voir le dessin de la coupe de la machine de Watt dans les Merveilles de la science)[1].

La deuxième espèce de pompes alimentaires comprend les pompes mues par un moteur spécial : elles sont désignées dans l’industrie sous le nom générique de petits-chevaux. Elles ont l’avantage, sur les pompes mues par la machine motrice, de pouvoir alimenter la chaudière quand même la machine est arrêtée.

Les plus répandues de ces petites pompes sont les modèles créés par MM. Belleville, Tangye, Thirion, etc.

  1. Tome I, page 128 (fig. 68).