Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 5.djvu/126

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Le plus remarquable exemple de ce système nous est offert par la machine du paquebot de la Compagnie générale transatlantique, la Normandie. Cette machine (fig. 117), due aux études des ingénieurs de la Compagnie, a été exécutée en Angleterre, en 1882, par la Barrow shipbuildings Company, de Barrow (comté de Lancastre).


Elle est composée de trois couples tandem, actionnant un arbre à trois manivelles, calées à 180° les unes des autres. Elle comporte donc six cylindres. Les petits cylindres A sont placés au-dessus des grands A′, avec tiges de piston B, et de tiroir T, communes. Le seul inconvénient que présente cette disposition est d’obliger à retirer le petit cylindre, lorsqu’une visite du grand cylindre est nécessaire.

Les petits cylindres A n’ont pas d’enveloppes de vapeur ; ils sont recouverts de matière isolante et d’une chemise en tôle. Les grands cylindres, au contraire, ont une enveloppe de vapeur, avec chemise intérieure rapportée.

Le tiroir des petits cylindres a reçu un dispositif de détente variable, du système Meyer, conduit par un excentrique spécial. La tige commune des tiroirs est conduite par deux excentriques D, D, et une coulisse Stephenson, E. Un même arbre de relevage F permet de mouvoir les trois coulisses ensemble ; il est actionné par un appareil à vapeur G, système Brown.

La vapeur s’échappant du petit cylindre se rend dans la boîte à tiroir du grand cylindre, par un tuyau H.

Le diamètre intérieur des petits cylindres est de 0m,90, celui des grands cylindres de 1m,90, et la course commune est de 1m,70. Le nombre de tours de l’arbre moteur s’élève à 60 par minute.

Chaque groupe possède un condenseur à surface, I. L’eau de circulation est envoyée par une pompe à vapeur spéciale. La vapeur d’échappement des grands cylindres pénètre dans le condenseur I, par un gros tuyau J. Elle se condense au contact des tubes constamment refroidis, tombe au fond et est enlevée par la pompe à air, K, commandée par la machine.

L’arbre de couche, L, est en trois pièces, réunies par des plateaux, M, M venus de forge, et portant chacun une manivelle coudée N. Chaque tronçon de cet arbre pèse 14 tonnes, ce qui donne un poids total de 42 tonnes ; le diamètre est de 0m,60.

Les tronçons sont absolument semblables, de manière à pouvoir être substitués l’un à l’autre.

À l’extrémité de l’arbre moteur, du côté de l’hélice, se trouve clavetée une roue à vis sans fin, O, qui sert à faire tourner la machine pendant les arrêts. Cet appareil s’appelle le vireur. Dans les petites machines, cette manœuvre se fait à bras ; ici c’est une machine à vapeur qui en est chargée.

Chacune des trois machines de la Normandie a son condenseur à surface, avec pompe de circulation centrifuge, conduite par un moteur séparé. Mais pour éviter qu’une avarie survenant à l’un des trois moteurs ne désempare la machine correspondante, on a fait déboucher le refoulement des trois pompes dans un collecteur unique, qui distribue l’eau aux trois condenseurs, et qui peut être isolé de la pompe avariée à l’aide de vannes convenablement disposées.

Il y a 3 pompes à air, 3 pompes alimentaires et 3 pompes de cale ; elles sont placées derrière les bâtis et mues par des balanciers attelés aux tourillons des pieds de bielles.

La butée est à 10 collets, s’appuyant sur 10 semelles antifrictionnées, indépendantes, avec écrous de serrage séparés.

C’est entre la butée et la machine que se trouve la roue du vireur, avec son moteur à vapeur.

L’hélice est à 4 ailes en bronze mangané-