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Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 5.djvu/218

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La machine de l’Ireland présente des particularités qu’il est indispensable de signaler. Les constructeurs, comprenant qu’il fallait faire avant tout une machine légère où la consommation de combustible ne fût pas à considérer, en raison de la brièveté des traversées et de la grande vitesse à obtenir, ont adopté le système oscillant, non Compound, c’est-à-dire à deux cylindres à basse pression, marchant avec condenseur à mélange. Ils en sont même revenus aux chaudières à faces planes, qu’il est plus facile d’arrimer à bord. Ce pas général en arrière, justifié d’ailleurs, est d’autant plus à signaler qu’il s’applique au paquebot le plus rapide du monde. La machine développe 6 340 chevaux, à la vitesse de 27 tours, en marche à outrance avec tirage forcé. Les cylindres mesurent 2m,75 de diamètre, et ne pèsent pas moins de 32 tonnes chacun. L’arbre moteur, qui mesure 88 centimètres de diamètre, pèse 47 tonnes, et chaque roue pèse 55 tonnes.

La vitesse moyenne de ce paquebot atteint 20 nœuds 2 dixièmes, c’est-à-dire celle des torpilleurs.

Les aménagements sont particulièrement bien étudiés et très luxueux.

La mâture, très rudimentaire, se compose de deux petits mâts, très inclinés vers l’arrière, propres surtout à recevoir des signaux.

La manœuvre du gouvernail a lieu au moyen d’un servo-moteur.

La plupart des autres paquebots à roues de la mer d’Irlande sont construits d’une manière analogue, mais sous de plus petites dimensions.


Les paquebots qui font le service des voyageurs et des postes de Calais à Douvres, ou de Boulogne à la côte d’Angleterre et à Londres, sont du même type que l’Ireland, que nous venons de décrire. Tel est le paquebot la Victoria.

Nous représentons (fig. 189) la Victoria.

Avant la Victoria, le meilleur marcheur de la Manche avait été le paquebot Invicta, qui fait la traversée de Calais à Douvres en une heure dix minutes. Il n’en est plus de même aujourd’hui. Le nouveau paquebot Victoria dont nous donnons le dessin a vaincu l’Invicta, en accomplissant la même traversée en cinquante-quatre minutes.

Ce rapide, luxueux et confortable paquebot, qui a coûté près de deux millions, et peut transporter 900 voyageurs, sort des chantiers de John Elder de Glasgow. Il mesure 94m,25 de longueur, sur 30 mètres de largeur ; son tirant d’eau est de 2m,54 ; ses machines développent une force de 5 000 chevaux ; et il file près de 20 nœuds, soit près de 37 kilomètres à l’heure.

La Victoria possède cinq magnifiques salons, dont un réservé aux fumeurs, 13 élégantes cabines particulières, le tout éclairé à la lumière électrique. Chacune de ses roues pèse 38 000 kilogrammes. Sa largeur, annulant le roulis, supprime le mal de mer.

Le mouvement des voyageurs qui, par la voie de Calais à Douvres, était déjà, annuellement, de 200 000 — chiffre supérieur à celui des ports de Boulogne et de Dieppe réunis, — s’est encore augmenté, depuis le service de la Victoria qui est en correspondance directe, journalière, avec les trains rapides, contenant des wagons-lits de la Compagnie internationale pour Paris, Bruxelles, Bâle, Milan, Rome, Brindisi, Vienne et Constantinople.


De Folkestone à Boulogne, il existe un service de bateaux à vapeur du même type que ceux de Douvres à Calais. Nous représentons (fig. 190) la Mary-Beatrix qui fait le trajet de Boulogne à Folkestone.

La Mary-Beatrix est un des paquebots que la Compagnie anglaise du South-Eastern railway a ajoutés à sa flotte qui fait le service de navigation entre Boulogne et Folkestone, et qui correspond avec ses trains