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Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 5.djvu/364

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La voiture à vapeur construite par M. de Cambiaire, en 1881, était si légère que deux personnes la soulevaient aisément. Elle pouvait, toutefois, traîner six personnes, à travers rampes et contours, avec une docilité de marche qui permettrait de la confier à la main la plus novice.

L’appareil de M. de Cambiaire est un chariot à siège transversal, porté sur quatre roues légères, d’environ 30 centimètres de rayon ; il est assez bas pour qu’on y monte sans marchepied. Chacune des deux roues de l’avant-train pivote, sans changer de place, avec la fourchette verticale qui la supporte ; et au moyen d’une traverse horizontale, qui sert de gouvernail, ce double mouvement est rendu concordant et simultané.

Quant aux deux autres roues, c’est sur leur essieu que s’exerce la force motrice, au moyen de deux chaînes qui le rendent alternativement solidaire d’un second arbre parallèle, situé plus en avant. Les cylindres moteurs, couchés horizontalement et côte à côte, à la partie antérieure du mécanisme, sont de très faibles dimensions. La course des pistons étant très réduite, leur mouvement est assez précipité pour suffire à la vitesse que la voiture peut recevoir.

Le mécanisme est protégé contre la poussière et les chocs, par les planches placées sous les pieds des voyageurs. Les roues sont enveloppées de bandes de caoutchouc.

Le générateur de vapeur est la pièce originale de la voiture de M. de Cambiaire. Qu’on se figure un épais cylindre, de cuivre rouge, d’un diamètre d’environ 20 centimètres, dressé à l’avant : c’est le réservoir de la chaudière. Il est surmonté du dôme de vapeur, coulé aussi en cuivre et d’un diamètre égal. Au-dessous, une boîte de tôle, un peu conique, la base tournée en bas, est supportée par le châssis. Sur la surface intérieure de cette boîte rampent, en hélice, plusieurs tubes de cuivre, en communication avec le réservoir. Ce serpentin, ou plutôt ces serpentins accouplés, reçoivent le coup de feu sur une surface de chauffe d’environ un mètre carré de développement, mais sous un si petit volume apparent, qu’on est étonné de la quantité de travail fournie par ce récipient. Enfin, comme base de cette espèce de colonne, la caisse du foyer est supportée au-dessous des tubes de vaporisation ; elle s’emboîte dans leur enveloppe de tôle. Quand on veut éteindre ou amortir, on peut la descendre, puis la détourner sur la droite au moyen d’une manivelle.

La voiture emporte avec elle sa provision d’eau et de coke.

La sécurité est assurée par divers accessoires, qui permettent de manier sans aucun danger le récipient de vapeur dans lequel se produit une assez forte pression, et par la petite quantité d’eau chaude qu’il contient, et qui ne dépasse jamais un volume de deux à trois litres.

L’inventeur, afin de donner quelque élégance à ce véhicule, avait sacrifié, en quelque sorte, la cheminée, qu’il détournait sous la voiture, pour la rendre invisible, ce qui, en route, ne peut nuire au tirage.


La voiture à vapeur qui a marché, en 1884, sur l’avenue de la Grande-Armée, à Paris, était de MM. A. de Dion, G. Bouton et C. Trépardoux.

Le châssis de la voiture porte le générateur à vapeur et les cylindres. Ce châssis réunit deux trains, au moyen de ressorts appliqués par derrière et par devant. À l’arrière sont deux roues directrices, garnies de caoutchouc, ainsi que les deux roues du devant. Une manivelle se trouve sur chaque essieu de l’arrière ; elle est reliée, au moyen d’une bielle d’accouplement, laquelle est mue par le levier directeur qui se trouve à la droite du conducteur. Deux freins de Prony produisent l’arrêt ou le