Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 5.djvu/461

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion



double T, dont nous avons parlé dans le Supplément à l’électro-magnétisme. L’armature est un anneau allongé, du genre Pacinotti, à dents en saillie, entre lesquelles sont roulées les bobines élémentaires. Cet anneau est formé de disques plats en tôle douce dentelée. Les balais tournent avec l’électro-aimant et le collecteur est fixe.

Nous représentons dans la figure 395, le moteur électrique de M. Ayrton et Perry actionnant un ventilateur.


Tels sont les principaux moteurs électriques, c’est-à-dire les petites machines dynamo-électriques réceptrices pouvant fonctionner comme agents moteurs, pour la production de petites forces. Leur usage n’est point, toutefois, à dédaigner, puisque l’un d’eux, comme le moteur Ayrton et Perry, donne, comme nous l’avons dit, un rendement de 50 pour 100.

La question préalable des petits moteurs électriques étant éclaircie, arrivons au grand fait de l’application de la réversibilité des machines dynamo-électriques, pour le transport, à toutes distances, des forces naturelles ou artificielles.




CHAPITRE II

le transport de la force à distance par la réversibilité des machines dynamo-électriques.

On s’est demandé souvent à quel physicien il faut attribuer l’idée de la liaison de deux machines dynamo-électriques, pour transporter au loin la force. La question est aujourd’hui bien éclaircie. C’est en 1873, à l’Exposition d’électricité de Vienne (Autriche ) que cette idée fut réalisée pour la première fois, par M. Hippolyte Fontaine, ingénieur de la Compagnie des machines Gramme ; et c’est un autre ingénieur français, M. Charles Félix, qui en suggéra l’idée à M. Hippolyte Fontaine.

Ce dernier avait, à l’exposition de Vienne, une machine dynamo-électrique, que faisait tourner un simple moteur à gaz. Une autre machine, exposée également par M. Fontaine, à côté de la précédente, fonctionnait comme moteur électrique, et était alimentée par une pile de Volta. M. Charles Félix, s’étant arrêté près de l’Exposition de M. H. Fontaine, lui fit cette remarque :

« Puisque vous avez une première machine qui produit de l’électricité, et une seconde qui en consomme, pourquoi ne pas faire passer directement l’électricité de la première dans la seconde, et supprimer votre pile ? Vous auriez, par ce moyen, une double transformation du mouvement en électricité et de l’électricité en mouvement. »

L’opération n’était ni longue, ni dispendieuse. En quelques instants, on relia les deux machines dynamo-électriques, l’une à l’autre, par un fil conducteur isolé, et la première machine qui produisait de l’électricité, provoqua le mouvement de la seconde, placée à quelque distance.

Voila comment la réversibilité des machines dynamo-électriques et le moyen de transformer l’énergie électrique en énergie mécanique, ont été découverts.

Cette expérience intéressante fut répétée, le 3 juin 1873, devant l’empereur d’Autriche, avec un plein succès. Une machine Gramme, actionnée par un moteur à gaz, envoyait son courant au moyen d’un câble conducteur de 100 mètres de long, à une seconde machine Gramme toute pareille, qui, sous l’action du courant qu’elle recevait, fut mise en mouvement et fit fonctionner une pompe à eau.

Le principe du transport de la force par l’électricité étant trouvé, ses applications ne tardèrent pas à se produire.

En 1879, M. Charles Félix, dont nous venons de rappeler l’importante intervention, fit une expérience du plus grand intérêt, dans sa sucrerie de Sermaize (Orne).