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16 de la gare du Nord.

3 de la place Saint-Pierre à Montmartre.

2 des Tuileries.

2 de la barrière d’Italie.

1 de l’usine de Vaugirard.

1 de la Villette.

Les 51 ballons ont enlevé dans les airs 64 aéronautes, 91 passagers, 365 pigeons-voyageurs, et 9 000 kilogrammes de dépêches, représentant à peu près 3 millions de lettres particulières. Sur ce nombre considérable d’aérostats, cinq seulement tombèrent au pouvoir des Allemands. Deux se sont perdus en mer corps et biens.


Nous allons voir comment les pigeons-voyageurs purent compléter les services rendus par les aérostats, et constituer la véritable poste aérienne, qui, pendant longtemps, entretint l’espérance au cœur des assiégés en excitant les colères de leurs ennemis.




CHAPITRE II

la poste aux pigeons. — historique. — emploi des pigeons messagers pendant le siège de paris, en 1870-1871. — adoption de ce mode de correspondance chez toutes les nations militaires, après 1871.

Nous n’avons parlé qu’incidemment de l’adjonction des pigeons voyageurs aux paquets de lettres qu’emportaient les ballons-poste parisiens. C’est ici le lieu de traiter cette question, avec le développement nécessaire.

Mais avant de décrire la poste aux pigeons, telle qu’elle fut employée au siège de Paris, nous dirons quelques mots de l’agent naturel de ce mode de communication rapide, c’est-à-dire du Pigeon voyageur, variété de l’espèce que les naturalistes désignent sous le nom de Pigeon volant.

Le Pigeon volant est de très petite taille ; son vol est léger, rapide et sa fécondité très grande.

C’est à cette espèce qu’appartient le Pigeon messager, ou voyageur, célèbre par son attachement pour les lieux qui l’ont vu naître, ou qui recèlent sa progéniture, et par l’intelligence admirable qui le ramène au pays natal, quand il en est éloigné. Transporté à des distances considérables de son domicile, même dans un panier bien clos, puis rendu à la liberté, après un temps plus ou moins long, il retourne, sans hésiter un moment, et quelle que soit la distance, à son point de départ.

Il faut, toutefois, pour faire son éducation de messager, ne pas l’éloigner du colombier, pour les premiers retours. On l’emporte, pour commencer, à 8 ou 10 lieues ; puis, dans une série de nouveaux transports, on augmente la distance, de manière à l’habituer peu à peu à la connaissance des localités.

La précieuse faculté du retour des pigeons au colombier a été utilisée de bonne heure, surtout en Orient. Chez les Romains, on fit quelquefois usage de pigeons messagers. Pline dit que ce moyen fut employé par Brutus et Hirtius, pour se concerter ensemble, pendant que Marc-Antoine assiégeait l’un d’eux dans une ville.

Pierre Belon, le naturaliste de la Renaissance, nous apprend que, de son temps, les navigateurs d’Égypte et de Chypre emportaient des pigeons sur leurs trirèmes, et qu’ils les lâchaient, lorsqu’ils étaient arrivés au port de destination, afin d’annoncer à leurs familles leur heureuse traversée.

Au siège de Leyde, en 1574, le prince d’Orange employa le même procédé pour correspondre avec la ville assiégée, et il parvint à la dégager. Pour marquer sa reconnaissance envers les pigeons libérateurs, le prince d’Orange voulut qu’ils fussent nourris aux frais de la ville, et qu’après leur mort,