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Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 5.djvu/652

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Serantes (Biscaye), enfin dans les îles espagnoles.


L’Angleterre possède également une poste par pigeons ; mais de peu d’importance, ce moyen n’ayant pas favorablement attiré l’attention de nos voisins.


Mais c’est la Belgique qui nous présente le vrai modèle en ce genre. C’est, en effet, la Belgique qui a aujourd’hui le privilège de fournir aux autres nations les produits de ses colombiers. Les colombiers belges sont parfaitement organisés ; car c’est l’industrie privée qui, dans ce pays, a développé, d’une manière toute spéciale, le dressage des pigeons. Il existe en Belgique plus de 1 000 colombiers, renfermant ensemble plus de 600 000 oiseaux. L’élève des pigeons est pour la Belgique une véritable institution nationale. Annuellement, on fait, dans ce pays, plus de 1 500 lâchers de pigeons, et la valeur totale des prix attribués à ces concours dépasse, chaque année, 900 000 francs.


À l’exemple de la Belgique, Paris a institué des lâchers de pigeons et des concours. On prend des pigeons dans les colombiers de Bruxelles, de Bruges, etc., on enferme tous ces coureurs aériens dans un panier d’osier, et on les envoie à Paris, où on les lâche solennellement, aux portes du palais de l’Industrie.

À peine le couvercle d’osier est-il soulevé, que les prisonniers s’envolent, avec la rapidité d’une flèche, en prenant la direction de leur colombier. La plupart reviennent au gîte. Quelques-uns s’égarent, d’autres se perdent, mais le fait est rare. Le pigeon arrivé le premier de cette espèce de concours de vitesse obtient le prix, et le propriétaire touche l’enjeu qui a été placé sur la tête des autres pigeons, comme dans une sorte de poule.

Dans les colombiers militaires les lâchers de pigeons ont lieu, à des époques déterminées, ainsi que le représente la figure 509, où l’on voit un lâcher de pigeons dans une caserne de Paris.

Ce n’est guère qu’à Paris et dans le nord de la France qu’il existe des colombiers privés. Le nombre total des oiseaux que l’on y élève est d’environ 40 000.

En 1873, le journal la Liberté se servait de pigeons messagers pour expédier, de Versailles à Paris, les débats de l’Assemblée nationale. Les oiseaux franchissaient en 10 à 15 minutes la distance entre ces deux villes, et on trouvait avantage à ce genre de service, en raison de la lenteur qu’occasionnaient souvent l’encombrement et les formalités des bureaux télégraphiques.

En Angleterre, sans doute en souvenir de la célèbre opération de bourse de la maison Rotschild en 1815, certains reporters envoient leurs nouvelles de la province à la métropole, par pigeons.

Sur les côtes anglaises, des pêcheurs emportent avec eux des pigeons, qu’ils lâchent avant de quitter le lieu de leur pêche, pour annoncer à leur famille leur déplacement, et faire connaître à leurs vendeurs la quantité de poissons qu’ils vont recevoir.

Le Sport nautique de l’ouest fait connaître, par la même voie, le résultat des concours de yachts.

À New-York, les capitaines des navires marchands embarquent des pigeons, qu’ils lâchent pour expédier plus tôt, à leur retour, les nouvelles qu’ils apportent d’Europe, et annoncer la qualité de leur cargaison.

Les paquebots français des grandes lignes de l’Atlantique emmènent aussi, dit-on, quelques pigeons messagers, qu’ils lâcheraient pour demander des secours, en cas d’accident de mer.


On voit, en résumé, que la correspondance par les charmants messagers ailés,