Aller au contenu

Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 5.djvu/656

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

rizon. Bientôt, la lune vient éclairer le ciel, mais sa pâle clarté ne suffit pas à guider les aéronautes, qui de nouveau ignorent où le vent les emporte, et jugent prudent de descendre à proximité du sol.

La nuit est très froide, le thermomètre marque — 14°, et un vent sud-est des régions basses les pousse vers l’Océan. On jette du lest, le ballon repart, et traverse cinq fois la Seine, aux environs de Rouen, en passant au-dessus d’une épaisse forêt. Ils arrivent au-dessus de Jumièges, et le Jean-Bart ayant perdu la plus grande partie de son gaz se trouve à 100 mètres à peine au-dessus de la Seine. La mer n’est pas éloignée, et le vent les pousse vers les falaises de l’Océan. Il faut donc, de toute nécessité, descendre, et descendre sur le fleuve même, fort large aux environs de Jumièges. M. Tissandier tire la soupape, et l’aérostat vient planer à quelques mètres au-dessus de la surface de l’eau, où il reste immobile. Du haut du ballon, on jette les cordes, et les habitants du village d’Hartrouville, ainsi que le représente la figure 510, accourent dans des barques, et saisissant l’extrémité des cordes, tirent au bord du rivage de la Seine l’esquif aérien échoué.

À cela se bornèrent les tentatives faites par de courageux aéronautes, pour essayer de rentrer dans Paris. Cette dernière tentative, faite le 7 novembre, ne fut pas renouvelée, parce que la ligne d’investissement des Prussiens s’élargissant tous les jours rendait de plus en plus aléatoires les essais de descente dans la ville. Peut-être, toutefois, auraient-ils réussi si, d’après le projet primitif arrêté à Tours, ils avaient été renouvelés sur un grand nombre de points autour de Paris, avant l’extension de la ligne d’investissement par l’ennemi.




CHAPITRE IV

dupuy de lôme construit un aérostat dirigeable. — description de l’appareil directeur et de l’aérostat de dupuy de lôme.

Pendant que ces événements se poursuivaient, les ingénieurs, retenus dans la capitale continuaient leurs recherches pour la construction d’un appareil aérien dirigeable. L’Académie des sciences, avons-nous dit, avait reçu un grand nombre de projets mal conçus, et elle n’avait accordé à aucun des auteurs de ces projets ni approbation, ni subside. Toutefois, l’œuvre de l’un de ses membres devait attirer toute son attention. Dupuy de Lôme, l’ingénieur éminent à qui la France doit la création des bâtiments cuirassés, s’occupait, depuis l’investissement de Paris, à essayer de construire un aérostat dirigeable. Lorsqu’il en communiqua les plans à l’Académie, ce corps savant en comprit toute la valeur, et demanda au gouvernement les fonds nécessaires pour parachever l’édifice aérostatique commencé par Dupuy de Lôme.

Le célèbre ingénieur de marine avait construit un aérostat de soie vernie, d’une forme ovoïde allongée. Il n’avait pas la prétention de lutter contre un courant aérien d’une certaine intensité ; il voulait, seulement, si le vent était fort, pouvoir faire dévier le ballon, afin de présenter au vent une voile oblique, qui le ferait avancer, en louvoyant, comme le fait un navire à voiles voguant sur les eaux.

Pour maintenir le ballon sans cesse gonflé malgré les déperditions du gaz qui se produisent toujours, Dupuy de Lôme employait le moyen qui avait été proposé, à la fin du siècle dernier, par le général Meusnier. Il introduisait de l’air dans un petit ballon, qui était d’avance logé, à cet effet, dans le grand ballon.

L’appareil chargé d’imprimer le mouve-