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En 1870, un autre gymnasiarque, Pietro Bambo, se tua, dans la campagne de Rome, en tombant du ballon Re d’Italia.

Au-dessous de la nacelle du Re d’Italia on avait accroché un trapèze, pour recevoir Pietro Bambo. Une autre personne était dans la nacelle. Arrivé à une grande hauteur, le gymnasiarque, perché sur son trapèze, perdit l’équilibre, et fut lancé dans l’espace. Le ballon, subitement allégé d’un poids énorme, par la chute de Bambo, fit un tel bond, que l’individu qui se trouvait dans la nacelle fut presque asphyxié ; il ne reprit connaissance que quatre heures après.

Le ballon, par suite d’une fissure, finit par descendre tout seul. Il plana à cinquante mètres du sol, et ne tarda pas à prendre terre, sans autre particularité. Le passager de la nacelle avait repris ses sens ; mais le pauvre Bambo n’était plus sur son trapèze !


En 1881, c’est un personnage occupant un certain rang dans l’État politique de l’Angleterre, M. Powel, membre de la Chambre des communes, qui est victime de l’aérostation.

Le Saladin était monté par trois personnes : MM. W. Powel, Agg. Gardner et le capitaine Templer, qui se proposaient de faire des expériences scientifiques et des observations dont ils devaient rendre compte à la Société météorologique de Londres. Ils partirent de Bath le 10 décembre 1881, vers midi. Le ballon prit la direction d’Exeter, en passant au-dessus de Sommerset, et continua d’avancer jusqu’auprès d’Éype, à dix-huit cents mètres de Bridport, comté de Dorset, et à huit ou neuf cents mètres environ de la mer. Les trois voyageurs arrivèrent à cette distance, vers cinq heures, mais s’apercevant qu’ils étaient rapidement entraînés vers la mer, ils résolurent d’atterrir. Le ballon s’étant mis à descendre avec une extrême rapidité vint frapper violemment le sol. MM. Agg. Gardner et le capitaine Templer furent tous les deux jetés hors du ballon : le premier se brisa la jambe et l’autre se contusionna gravement. M. Powel était demeuré dans la nacelle. Le capitaine Templer, qui tenait encore l’extrémité de la corde servant à faire manœuvrer la soupape, s’y cramponna avec force ; mais elle lui fut brusquement arrachée des mains, comme il essayait de parler à son compagnon. Le ballon s’élança instantanément à une très grande hauteur, emportant M. Powel, qui était resté seul dans la nacelle. Il prit la direction de la mer, et disparut bientôt dans l’obscurité. Aussi longtemps qu’on l’aperçut, on put voir M. Powel restant vaillamment debout dans la nacelle, et envoyant de la main un dernier adieu à ses amis.

Les recherches les plus assidues furent entreprises par le gouvernement anglais et la famille de M. Powel, afin de découvrir les traces de l’aéronaute et du ballon disparus. Quelques indices parurent, à divers intervalles, se rapporter à cette catastrophe ; mais la plupart des nouvelles furent, après vérification, reconnues erronées. Cependant, on avait trouvé sur la rive, près de Portland, un fragment de thermomètre brisé, auquel était attaché un cheveu : ce thermomètre, d’une forme particulière, fut reconnu comme appartenant au capitaine Templer. Un chapeau avait été également retrouvé dans la mer à la hauteur de Smyre, près de Bridport.

Le 19, c’est-à-dire neuf jours après le départ, des dépêches de Madrid annonçaient que l’aérostat avait été vu, passant d’abord sur le port de Loredo, près Santander, ensuite à deux kilomètres de Bilbao.

M. Powel était-il vivant ou mort, lorsque le ballon a été vu pour la dernière fois ? Ce mystère restera probablement impénétrable. Ce qui est certain, c’est que le ballon le Saladin qui portait M. Powel fut trouvé, à la fin de décembre, dans une des monta-