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rine que l’on fit sauter les roches de cette énorme masse montagneuse, sur une longueur qui n’avait pas moins de 7 500 mètres.

Au moyen d’un entonnoir et d’un tuyau on déposait le liquide explosif au fond du trou pratiqué par l’outil d’acier, ensuite on versait par-dessus une petite quantité d’eau, dont le poids produisait l’effet du bourrage. Une capsule de fulminate de mercure était plongée dans la nitro-glycérine, et on provoquait l’explosion de la capsule fulminante au moyen d’une mèche de mineur rendue imperméable à l’eau.

Pour les roches fissurées, on enfermait la nitro-glycérine dans un cylindre de tôle, de même diamètre que le trou de la mine et ouvert à sa partie supérieure. Si le trou de mine était horizontal, on plaçait la nitro-glycérine dans une cartouche de tôle, dont le couvercle était traversé par la mèche de mineur, et on bourrait avec du sable.

On constata que l’effet était plus grand avec la nitro-glycérine simplement versée dans le trou de mine, qu’enfermée dans des cylindres de tôle.

C’est de 1869 à 1873 que fut percé le grand tunnel du mont Hoosac.

Toutefois, le maniement de la nitro-glycérine pure exposait à de très grands dangers, et l’on ne pouvait guère songer à généraliser dans l’industrie l’usage d’un agent de destruction aussi terrible et d’un emploi aussi difficile.

C’est alors que vint l’idée de mélanger la nitro-glycérine avec une substance inerte, comme le sable, et d’atténuer ainsi ses effets, en les limitant à un degré utile et pratique.

C’est le chimiste suédois Nobel, qui, le premier, eut l’idée d’employer la nitro-glycérine ainsi diluée dans le sable. C’est ce mélange de nitro-glycérine et de sable qui porte le nom de dynamite.


CHAPITRE IV

invention de la dynamite par m. nobel. — sa fabrication. — règlements officiels concernant la dynamite. — usage de la dynamite dans l’armée. — transport de la dynamite sur les voies ferrées.

C’est en 1867 que M. Nobel prenait un brevet pour la fabrication d’une nouvelle matière, qu’il décrivait en ces termes :

« Mon invention consiste à supprimer les propriétés dangereuses de la nitro-glycérine de telle sorte qu’elle ne soit sensible ni au choc, ni au feu, et à la mettre sous une forme plus convenable pour les maniements et pour le transport que sous la forme liquide ; ce qui se fait par l’incorporation de la nitro-glycérine dans les pores de matières poreuses inexplosives, sans aucune influence chimique sur la nitro-glycérine, telles que silice, poudre de brique, argile sèche, pâte. »

Il paraît que M. Nobel dut au hasard la découverte de la dynamite.

À l’époque où le chimiste suédois fabriquait sa nitro-glycérine, il l’enfermait dans des boîtes de fer-blanc, qui étaient ensuite réunies, par dizaines, dans de vastes caisses, garnies de terre d’infusoires.

« Or, il arrivait, dit M. Châlon, dans son ouvrage sur les Explosifs, que cette terre, par suite de coulages, s’imbibait de nitro-glycérine, et prenait une consistance pâteuse. En l’examinant attentivement, on reconnut que son pouvoir absorbant était considérable. Des essais postérieurs montrèrent que la nitro-glycérine ainsi absorbée conservait ses qualités explosives, et que, d’autre part, sa tendance à exploser avait considérablement diminué. »

Ce n’était pas seulement une découverte d’une immense portée que M. Nobel réalisait, en 1867 ; c’était aussi sa revanche. En effet, de 1863 à 1864, M. Nobel avait livré à l’industrie des quantités considérables de nitro-glycérine, avec capsules de fulminate de mercure. Il avait créé deux usines, l’une à Stockholm, l’autre à Lanenburg (Angleterre), et cette seconde usine expor-