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til, s’est dégagé de la masse. Alors, on lave 5 grammes de cette dynamite douteuse dans 300 grammes d’eau distillée ; on porte ce liquide à l’ébullition, dans un ballon à long col, à l’orifice duquel on a suspendu une bande de papier tournesol. Si le papier rougit, c’est que des vapeurs nitreuses se sont dégagées et qu’il y a eu altération de la dynamite.

L’autorité militaire prescrit la destruction immédiate des lots de dynamite avariée. Cette opération s’effectue dans les polygones, à 300 mètres au moins de tout bâtiment ; on fait exploser la dynamite avec une cartouche amorcée par le fulminate de mercure.

D’après la circulaire ministérielle du 29 novembre 1880, c’est l’artillerie qui est chargée de conserver la dynamite. Des magasins spéciaux ont été construits à cet effet. Ils sont en briques très minces, recouverts de tuiles, et divisés en quatre ou cinq compartiments, par des cloisons en bois, de 50 centimètres d’épaisseur, tout au plus. Ces magasins sont surmontés de greniers vides, qui jouent le rôle de « chambres à air », pour arrêter les rayons solaires ; enfin ils sont entourés, à 2 ou 3 mètres de distance, de remparts en terre. Chaque compartiment contient 100 kilogrammes de dynamite.

La fabrication et le transport de la dynamite ont fait l’objet de plusieurs lois, qu’il est utile d’analyser.

Jusqu’en 1875, au terme de la loi du 13 fructidor an V, l’État avait le monopole de la fabrication et de la vente de la poudre ; ce n’est qu’en 1875 que l’Assemblée nationale autorisa les particuliers à fabriquer la dynamite et tous les explosifs à base de nitro-glycérine, en frappant ces produits d’un droit énorme (2 francs par kilogramme de dynamite).

Nul fabricant ne peut s’établir sans une autorisation spéciale du gouvernement, et sans avoir versé dans les caisses de l’État un cautionnement de 50 000 francs.

Les industriels qui exploitent des mines ou des carrières de pierre peuvent également obtenir l’autorisation de fabriquer sur place la nitro-glycérine dont ils ont besoin ; ils payent alors un impôt supplémentaire de 4 francs par kilogramme de nitro-glycérine. Toute contravention à ces dispositions législatives entraîne une condamnation à un mois de prison et à 2 000 francs d’amende.

Des règlements très sévères ont été portés en ce qui concerne le travail à l’intérieur des fabriques de dynamite. À titre d’exemple nous citerons les principales dispositions du règlement de la fabrique de dynamite de Paulilles (Pyrénées).

Les ateliers ne doivent pas contenir plus de quatre ouvriers chacun. Ils sont, à cet effet, construits en planches de bois très léger, et séparés entre eux par un intervalle de 20 mètres au moins. Une discipline rigoureuse est observée dans l’intérieur de la fabrique.

Sous aucun prétexte les ouvriers ne doivent pénétrer dans les ateliers où ne les appelle pas leur travail. Ils ne sont admis dans la manufacture qu’à l’heure fixée pour le commencement du travail, et doivent se retirer aussitôt que le signal du départ a été donné. Nul ne s’absente des ateliers, sans permission spéciale, pendant toute la durée du travail. Les chefs d’atelier arrivent une demi-heure avant les ouvriers ; eux seuls sont chargés d’ouvrir et de fermer les portes. Ils s’assurent que le thermomètre marque au moins + 12° centigrades, afin de prévenir tout accident provenant d’une brusque congélation de la nitro-glycérine. Si un appareil fonctionne mal, l’ouvrier est tenu de prévenir le chef d’atelier, qui seul peut exécuter les réparations nécessaires, car il est formellement défendu aux ouvriers de manier aucune pièce métallique.

Après le travail, on vérifie s’il ne reste pas, sur les tables, une parcelle de nitro-glycérine ou de dynamite. Défense est aussi