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Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 6.djvu/116

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De toutes les dynamites à base active expérimentées jusqu’à ce jour, c’est la dynamite à base de coton-poudre, ou la dynamite gomme, qui a donné les résultats les plus satisfaisants.

Le chimiste suédois Nobel fabrique sa dynamite active en mélangeant 90 à 92 parties de nitro-glycérine et 8 à 10 parties de collodion (coton-poudre dissous dans l’alcool et l’éther). Le produit obtenu a l’aspect de la gélatine ; aussi les industriels le désignent-ils sous le nom de gélatine explosive, ou de gomme explosive.

La densité de la gélatine explosive, ou gomme explosive, est de 1,6 ; elle gèle à + 1° et détone alors beaucoup plus facilement.

Une balle de fusil tombant sur la dynamite ordinaire ne provoque pas son explosion ; au contraire, quand elle est gelée, il suffit du moindre choc pour en déterminer l’explosion.

Les ingénieurs français ajoutent de quatre à cinq pour cent de camphre à la gélatine explosive, ce qui la rend d’un maniement plus commode.

La gélatine explosive se conserve très longtemps, sans subir d’altération. Tant qu’elle n’a pas été gelée, elle ne fait pas explosion sous l’action d’un choc quelconque, et elle est infiniment plus puissante que la dynamite à base inerte. Autant de motifs pour qu’on l’emploie comme dynamite de guerre, et comme dynamite industrielle.

Les expériences faites par le général Abboth, aux États-Unis, ont démontré que la gélatine explosive, ou dynamite gomme, ne détone pas sous l’action dite par influence.

Le général Abboth plaçait dans un réservoir rempli d’eau une certaine quantité de gélatine explosive ; et à deux ou trois mètres de distance, il plaçait de la dynamite à base inerte, dont il déterminait l’explosion : la gélatine explosive demeurait insensible. Pour les travaux industriels et les destructions de rails, dont nous aurons à parler plus tard, cette propriété de ne pas détoner par influence est, dans la pratique, un avantage précieux. Aussi la gélatine explosive ou dynamite gomme est-elle presque exclusivement employée, en France, pour les opérations destructives.

Pour la faire détoner, on emploie des capsules, contenant environ 1 gramme de fulminate de mercure, en plaçant 50 grammes de fulmi-coton dans l’amorce.

Comme M. Nobel, l’inventeur de la gélatine explosive, avait pris un brevet pour la dynamite active à base de coton-poudre, les concurrents ont imaginé d’innombrables variétés d’autres dynamites à base active. Nous citerons la sébastine, de M. Boeckmann, la sévanine, la dualine, de M. Dittmar, la forcite, de M. Lewin, la virite, la vigorite, la nitrolite, et dix espèces de dynamites analogues, que l’on fabrique en Autriche et en Allemagne.

Le chimiste anglais, Abel, prépare une dynamite active en mélangeant la nitro-glycérine et la nitro-cellulose. Il a obtenu d’autres produits explosifs connus sous la dénomination de nitro-gélatines ; la dualine est un de ces produits.

Les nitro-gélatines sont moins sensibles que la gélatine explosive à l’action de la chaleur et de l’humidité et elles se décomposent moins rapidement. On les obtient en traitant du coton par un mélange à poids égaux d’acide azotique et d’acide sulfurique. On a ainsi de la nitro-cellulose, qu’on lave avec soin, et que l’on chauffe ensuite, dans un vase en cuivre, avec de la nitro-glycérine.

La vigorite, la forcite, la nitrolite, les dualites américaines, ne sont autre chose que des nitro-gélatines ; elles ne diffèrent de la nitro-gélatine Abel que par la pro-