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sion prématurée que si l’on fait usage des explosifs similaires.

Dans les mines, où l’on a constamment occasion de se servir d’explosifs, pour détacher des quartiers de roc ou des masses de terre, certains ouvriers hésitent à utiliser la dynamite, qui développe, en faisant explosion, une énorme quantité de chaleur, et risque ainsi de déterminer une inflammation du grisou. Pour remédier à cet inconvénient, un chimiste de Cologne a mélangé 100 parties de dynamite ou de nitro-gélatine, avec 50 parties de carbonate de soude. Ce mélange renferme 30 pour 100 d’eau ; à une température inférieure à celle de l’explosion, l’eau se sépare, et remise en liberté elle empêche une trop forte élévation de température.

La grisoutite est donc une dynamite brûlant sans flamme, avantage précieux pour le travail dans les mines qui sont sujettes au grisou, mais son action est bien inférieure à celle des dynamites ordinaires.

Dans les poudreries françaises, on a étudié et recommandé le mélange de la dynamite avec de l’azotate d’ammoniaque.

En mélangeant 1 partie de binitro-benzine et 4 à 5 parties d’azotate d’ammoniaque, un chimiste suédois, M. Carl Lamm, a fabriqué, en 1888, un produit qui ne détone, ni par le choc, ni par le frottement, ni au contact du feu. C’est donc un explosif d’un emploi particulièrement facile ; M. Lamm lui a donné le nom de bellite.

Cet explosif, qui a été essayé dans les carrières d’Argenteuil, en poudre et en cartouches comprimées, forme une poudre jaunâtre et presque sèche au toucher, qui a la saveur et l’odeur du nitrate d’ammoniaque.

Les cartouches de bellite préparées par M. Carl Lamm, comprimées, sont recouvertes de papier et d’un enduit analogue à la paraffine. Elles portent sur l’une des bases un ou deux trous, destinés à recevoir une ou deux capsules de fulminate de mercure, qui provoque leur détonation.

La bellite fait explosion à l’air libre, aussi bien dans les mines bourrées, qu’à l’état pulvérulent ; aussi bien à l’air libre qu’en cartouches comprimées, pourvu qu’on l’enflamme à l’aide d’une capsule contenant un demi-gramme de fulminate de mercure.

Elle agit comme poudre lente, en mines bourrées, et comme explosif brisant, à l’air libre, quand elle est renfermée dans un récipient.

Elle peut être employée dans les mines pour l’abatage des roches, ou à l’air libre, pour les travaux militaires de campagne, et pour le chargement des obus.

La bellite peut être fabriquée, manipulée, transportée et emmagasinée, sans aucun danger, car elle n’est sensible ni aux chocs accidentels, ni aux frottements, ni à l’action du feu ou de la flamme.

Sa force est équivalente à deux ou trois fois celle de la poudre noire.

Nous avons dressé la liste à peu près complète des explosifs-types ou, si l’on aime mieux, des différentes variétés d’explosifs.

Pour résumer et compléter ces renseignements, nous donnerons le tableau de la composition de différents explosifs qui ont été proposés ou qui sont employés pour charger les torpilles.

La nitro-glycérine intervient presque toujours dans ces matières, dont voici la composition :

1o Dynamite : 73 p. 100 de nitro-glycérine et 22 p. 100 de sable.

2o Coton-poudre : c’est la nitro-cellulose comprimée.

3o Dualine : 80 p. 100 de nitro-glycérine et 20 p. 100 de nitro-cellulose.

4o Rendrock ou Lithofacteur : 40 p. 100 de nitro-glycérine, 40 p. 100 de nitrate de potasse ou de soude, 13 p. 100 de cellulose et 7 p. 100 de paraffine.

5o Poudre géant : 36 p. 100 de nitro-glycérine, 48 p. 100 de nitrate de potasse ou