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d’une partie de nitro-benzol et de quelques centièmes de soufre pulvérisé. On a employé le rackarock en Amérique.

La poudre de Siemens est un mélange de chlorate de potasse et de salpêtre avec de la paraffine ; enfin la poudre verte, qui se prépare à peu près comme la poudre ordinaire, a pour composition :

Chlorate de potasse 
70
Acide picrique 
20
Prussiate jaune de potasse 
10

Cette poudre verte peut assez facilement être conservée, en perdant toutefois sa couleur primitive, pour devenir jaune. Elle a un pouvoir détonant qui équivaut au double de celui de la poudre ordinaire.

Les fulminates, découverts par Howard, peuvent fournir de terribles explosifs ; mais ils sont surtout employés dans la fabrication des amorces et des capsules pour les armes portatives. Ils dérivent tous de l’acide fulminique, qui n’a pas été isolé. La formule chimique de l’acide fulminique est Cy2O2, H2O2, où Cy représente le cyanogène (C2Az).

Pour préparer le fulminate d’argent, on fait chauffer dans de l’alcool une dissolution d’argent dans l’acide azotique, concentré.

Le fulminate de mercure, qui est un peu plus stable que le fulminate d’argent, a une composition à peu près identique, sauf que l’argent est remplacé par le mercure.

En faisant explosion, le fulminate de mercure donne naissance à de l’azote, à de l’oxyde de carbone et à des vapeurs de mercure, d’après l’équation :

C4Hg2(AzO2)2 = 4 CO + 2 Az + 2 Hg.

Le fulminate de mercure détone à + 187 degrés, sous l’influence d’un choc violent, ou de l’étincelle électrique. Cette dernière propriété est précieuse, puisqu’elle permet de se servir du fulminate de mercure pour amorcer les torpilles.

Pour préparer industriellement le fulminate de mercure, on mélange dans un grand ballon 3 parties de mercure, 30 parties d’acide azotique et 19 parties d’alcool ; on chauffe jusqu’à + 90 degrés. Il faut ensuite laver le fulminate et le dessécher au moyen du papier buvard. On mélange alors le fulminate de mercure avec de l’azotate de potasse, dans les proportions de 2 à 1 ; cela fait, on procède au grenage et au séchage du produit.

Le grenage consiste à faire passer la matière à travers un tamis en crin ; cette opération est éminemment dangereuse ; on doit toujours redouter une explosion.

Les grains de fulminate de mercure obtenus par le grenage sont déposés sur des feuilles de papier ; ces feuilles sont alignées dans des augets en bois, pour les faire sécher. Les vitres de l’atelier sont recouvertes d’une couche de peinture, pour arrêter les rayons du soleil. Alors on les dépose par petits grains dans une capsule en cuivre.

Chaque capsule renferme environ 8 décigrammes de fulminate et d’azotate.

Beaucoup d’autres explosifs, ou mélanges détonants, ont été proposés. Nous citerons, en particulier, la panclastite inventée par M. Turpin, et qui est un mélange d’acide hypoazotique avec de l’éther, du pétrole, du sulfure de carbone ou du benzol. On a beaucoup parlé de ce produit, parce que M. Turpin a découvert la mélinite.

En mélangeant la nitro-glycérine et la nitro-cellulose, on obtient toute une autre série de produits, connus sous le nom générique de nitro-gélatines. Le plus important de ces produits a été inventé par M. Dittmar, qui l’a appelé dualine ; c’est un mélange de 50 parties de nitro-glycérine, 30 parties de nitro-cellulose et vingt parties d’azotate de potasse.

Les nitro-gélatines sont peu sensibles à l’action de la chaleur et de l’humidité, et elles retiennent bien la nitro-glycérine. On a donc, en les employant, moins de chances d’explo-