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comme celle du fusil Gras, d’une feuille de cuivre enroulée, garnie d’un culot, au centre duquel se trouve une amorce ordinaire.

Tous ces projectiles sont pourvus d’une ceinture en laiton, simplement posée sur des rainures ménagées dans la fonte ou l’acier. Quand on met le feu, le laiton, comprimé par la pression des gaz, entre dans les rainures, et la liaison du projectile et de son enveloppe se trouve ainsi assurée.

Le canon-revolver moyen (de 42 millimètres) pèse 475 kilogrammes, et son affût, avec accessoires, 530 kilogrammes. Sa portée est de plus de 2 000 mètres. Comme il peut tirer 80 coups à la minute, sans que le pointage se dérange, et sans que la solidité de l’affût soit compromise, il est facile de se rendre compte des services qu’il peut rendre, dans une place assiégée, pour battre certaines parties des défenses que l’ennemi pourrait envahir par une nuit obscure. En modifiant la rayure des cinq tubes du canon-revolver, de façon à obtenir une grande dispersion de la mitraille, et en pointant d’avance les pièces, on empêchera toute attaque de vive force que l’ennemi tenterait, à la faveur de l’obscurité ou du brouillard.

Pour terminer cette revue nous mettrons sous les yeux du lecteur (fig. 155) le dessin du modèle d’une nouvelle mitrailleuse adoptée en 1889, par l’État-major allemand. C’est un canon-revolver à 6 tubes placés horizontalement, et qui lancent, comme la mitrailleuse Gatling, une pluie de balles, à la distance de 1 000 mètres, au moins. Elle peut être attelée comme un canon de campagne.

En résumé, les mitrailleuses longtemps délaissées, en raison de leur insuccès pendant la guerre franco-allemande, ont repris faveur à notre époque, par suite d’une étude attentive des conditions dans lesquelles on doit recourir à leurs services.

Quel que soit son effectif et la mobilité des pièces qu’elle attelle, l’artillerie ne saurait être partout, sur un champ de bataille. Dès que l’armée s’engage dans les montagnes, l’artillerie de campagne ne se meut que très lentement, et l’on verra, au chapitre suivant, que les canons de montagne ne suppléent pas d’une façon absolue aux canons de 90 et de 80. Pendant la guerre d’Orient, le général Skobeleff avait imaginé, pour repousser les attaques des Turcs, de commander des feux de salve à grandes distances. Les Russes appuyaient la crosse du fusil, soit contre leur jambe, soit même à terre, et ils donnaient ainsi à l’arme l’inclinaison à peu près convenable. Mais ce genre de tir est d’un usage à la fois difficile et restreint, et l’on aperçoit tout de suite le parti que l’on pourrait tirer des mitrailleuses, pour le remplacer. Enfin, le principe même des canons à balles, c’est-à-dire la réunion de plusieurs canons, leur chargement presque simultané et le tir presque automatique, ce principe est fécond en applications diverses. Un jour, certainement, quelque ingénieur trouvera le moyen de réunir des canons de plus gros calibre, et de construire une mitrailleuse qui lancera, non plus des balles, mais des obus C’est pour cette raison que nous avons décrit tous les types actuels de mitrailleuses, bien qu’elles aient perdu la plupart des défenseurs qu’elles comptaient jadis.


CHAPITRE IV

les canons de montagne, le personnel et le matériel. — canons de 80. — les canons démontables.

La France possédait depuis longtemps des canons de montagne, mais il n’y avait pas de batteries spécialement affectées à ce service. Cette lacune fut comblée, en 1887,